Les perspectives économiques restent prometteuses pour la période 2022-2026, malgré les risques de plus en plus pesants sur les économies de l’Uemoa. Les Etats membres devraient continuer à faire preuve de résilience, face aux crises sécuritaire et sanitaire et aux aléas climatiques, en affichant des taux de croissance relativement élevés.
Une croissance économique vigoureuse sur la période 2022-2026, mais qui demeure fragile et insuffisante pour enrayer définitivement les conséquences des crises sanitaire et sécuritaire. Telle est la projection contenue dans la deuxième édition de la Note de cadrage macroéconomique 2022-2026 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
Selon le document du département des Politiques économiques et de la Fiscalité intérieure (Dpe) de la Commission de l’Union, l’activité économique devrait poursuivre sa dynamique de relance en 2022, mais à un rythme moindre qu’escompté auparavant dans l’ensemble des Etats membres. La croissance se situerait à 6,0 % cette année, soit une révision à la baisse de 0,9 point de pourcentage (pp) et de 0,5 (pp) par rapport au cadrage de mai 2021 et aux prévisions du Rsm de décembre 2021.
La révision à la baisse des prévisions émane du risque de la survenue d’autres vagues de la pandémie de Covid-19 au regard de la recrudescence des variants du coronavirus et de la faiblesse dans la mobilisation de la population pour la vaccination. A cela s’ajoute l’incertitude sur la fin de la crise institutionnelle au Mali qui entrave les échanges commerciaux des Etats membres.
La croissance serait essentiellement portée cette année par les secteurs primaire et tertiaire qui progresseraient respectivement de 4,0 % et
6,6 %, contre 3,2 % et 6,2 % en 2021. Ces projections tablent non seulement sur une campagne agricole plus favorable grâce à la bonne pluviosité et la poursuite des investissements publics destinés à soutenir la production, mais aussi sur une évolution favorable des cours des principaux produits d’exportation de l’Union (or, pétrole, café, cacao, etc.) et la bonne tenue de la demande mondiale desdits produits. Un retour progressif à la normale des activités est également attendu dans les domaines du transport et de l’hôtellerie.
Quant au secteur secondaire, il resterait dynamique mais sa progression serait ralentie, avec une croissance de 6,4 %, après le rebond de 9,0 % en 2021.
A court terme
La croissance de l’Uemoa ressortirait à 7,6 % en 2023 puis à 6,9 % en 2024, 6,3 % en 2025 et 6,2 % en 2026, projette le Dpe. Les taux de croissance annuelle dans les Etats varieraient entre 3,8 % (Guinée-Bissau, 2022) et 10,6 % (Niger, 2024) sur la période.
Entre autres hypothèses qui sous-tendent ces prévisions, il y a le démarrage de la production de pétrole au Sénégal et l’exportation de pétrole brut au Niger annoncée pour cette année mais qui débutera finalement l’année prochaine. Ce qui renforcerait la contribution du secteur secondaire à la croissance. Mais, le secteur tertiaire (y compris les taxes) continuerait d’être, sur la période 2022-2026, le plus grand contributeur à la croissance de l’Union.
Les prévisions sont néanmoins entourées d’incertitudes, notamment l’évolution de la pandémie, les effets attendus de la mise en œuvre des plans de relance économique et la crise sécuritaire. De même, le caractère aléatoire de la production agricole, l’envolée des prix des engrais et les effets du dérèglement climatique pourraient peser dans la contribution du secteur primaire à la croissance économique dans les Etats membres.
Face aux risques, les experts recommandent aux dirigeants de veiller à une mise en œuvre efficace des plans de relance et des projets de développement structurants porteurs de croissance, de poursuivre les efforts de mobilisation des ressources intérieures et extérieures pour la réalisation des infrastructures. Ils insistent sur la recherche de financements concessionnels et innovants en vue de maintenir la soutenabilité de la dette publique.
Ainsi, le déficit budgétaire global de l’Union atteindrait 4,9 % du produit intérieur brut (Pib) en 2022 et moins de 3 % dès 2024, contre 5,7 % en 2021. Le taux d’endettement public de l’Union maintiendrait sa tendance haussière pour se situer autour de 54,6 % en 2022, après 53,3 % en 2021, selon les projections.