La dette publique du Bénin, modérée, n’engage pas à de risque de surendettement public extérieur et global, assure la Caisse autonome d’amortissement (Caa). Toutefois, elle fait des recommandations pour maintenir le statu quo.
Quoique le Bénin recoure de plus en plus aux marchés régional et international pour financer les besoins d’investissements, le risque de surendettement public extérieur et global reste modéré, selon la Caisse autonome d’amortissement (Caa). « En conformité avec les hypothèses macroéconomiques retenues, la dette publique du Bénin est viable », estime-t-elle, dans son Rapport d’analyse de la viabilité de la dette publique du Bénin à fin décembre 2021 publié fin juillet. L’organisme chargé de la mobilisation des ressources de financement et de la gestion de la dette publique souligne que tous les indicateurs d’endettement extérieur se situent en dessous de leurs seuils, suivant les projections. Celles-ci supposent que la politique économique à moyen terme reste conforme aux prévisions macroéconomiques et financières effectuées dans le Plan national de développement (Pnd) 2018-2025, le Programme d’action du gouvernement (Pag II) 2021-2026, le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2022-2024. Toutefois, nuance la Caa, les ratios Valeur actualisée (Va) de la dette/exportations et Service de la dette (Sd)/exportations dépasseraient leurs seuils en cas de choc important sur les exportations. De même, le ratio Sd/recettes budgétaires dépasserait son seuil en cas de choc extrême sur la dépréciation ponctuelle du taux de change. Tout en étant en dessous de son point de repère prudent dans le scénario de référence, le ratio Va de la dette/Pib (Produit intérieur brut) serait sensible à un choc extrême sur le prix des produits de base. Chiffrée à 3 345,2 milliards F Cfa à fin 2021, la dette publique est ressortie à 49,7 % du Pib contre 46,1 % en 2020. Le taux d’endettement reste largement en dessous du seuil communautaire de 70 % fixé pour les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dans le cadre du pacte de convergence.
Marge de manœuvre
Selon la Caa, le Bénin possède « une certaine capacité d’absorption », malgré les chocs exogènes liés à la Covid-19, la fermeture des frontières avec le Nigeria et les premiers remboursements de l’eurobond à l’horizon 2024 en lien avec les prouesses en matière des opérations de gestion de passif. Elle en conclut que le risque provenant du financement sur le marché est faible. De façon générale, à l’en croire, le risque de surendettement global est aussi modéré, la dette intérieure n’apportant « aucune vulnérabilité particulière à la dette publique ». A fin décembre 2021, la dette intérieure s’élevait à 1 540,6 milliards F Cfa représentant 15,8 % du Pib et 31,5 % du total de la dette publique qui ressort à 4 885,82 milliards F Cfa avant d’atteindre 5 180,78 milliards F Cfa à fin mars 2022. La Caa recommande la consolidation budgétaire à moyen terme et l’amélioration de la gestion de la dette, notamment la gestion proactive des actifs et passifs pour préserver la viabilité de la dette. Cela implique, détaille-t-elle, le renforcement du recouvrement des recettes budgétaires, la poursuite et l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles dans les domaines de la politique fiscale et de l’administration fiscale et douanière. Il est également nécessaire de donner la priorité aux financements extérieurs à plus longues échéances et à des conditions concessionnelles afin de réduire la charge du service de la dette, préconise la Caa. La maturité moyenne et le taux d’intérêt moyen du portefeuille de la dette intérieure se sont améliorés en 2021, passant à 4,1 ans et 5,7 % contre 3,6 ans et 5,9 % en 2020.