Depuis plusieurs mois, le Niger multiplie les initiatives pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. À la suite du changement de régime en 2023, les autorités de Niamey ont entamé une refonte stratégique de leurs secteurs clés, en particulier l’exploitation minière et énergétique. Dans cette logique, le pays encourage la transformation locale de ses ressources naturelles, cherchant à capter davantage de valeur ajoutée sur son territoire. L’or, dont l’extraction artisanale est une activité importante depuis les années 1950, illustre bien cette ambition : structurer une filière longtemps laissée à l’informel pour en faire un moteur de développement national. Cette dynamique s’inscrit dans une approche plus large de refondation, visant à protéger les ressources nationales des réseaux illicites et à favoriser la création d’emplois ainsi qu’une meilleure formation locale.
Une nouvelle raffinerie pour transformer l’or nigérien
C’est dans ce contexte que le Niger vient d’annoncer la création d’une raffinerie d’or et d’unités de transformation de pierres précieuses, à la suite d’un partenariat conclu avec Suvarna Royal Gold Trading LLC, entreprise basée à Dubaï et spécialisée dans le négoce et le recyclage de métaux précieux. La signature officielle a eu lieu à la Maison de l’uranium, à Niamey, en présence de plusieurs membres du gouvernement nigérien ainsi que du PDG de Suvarna.
La future société, baptisée Royal Gold Niger SA, aura pour mission non seulement de raffiner l’or extrait localement mais aussi de développer une unité de fabrication de bijoux et un centre de taille et de polissage de pierres précieuses. Ce projet vise à ce que chaque gramme d’or extrait génère une valeur tangible pour les Nigériens, en limitant les exportations de matière brute. Cette évolution est présentée par les autorités comme une étape structurante pour l’économie nationale, rompant avec une longue tradition d’exportation à faible valeur ajoutée.
Un partenariat chargé de symboles politiques et économiques
Pour les autorités nigériennes, cet accord va bien au-delà d’un simple projet commercial. Il symbolise une volonté affirmée de maîtriser pleinement les ressources naturelles du pays. Le ministre des Mines a souligné que la joint-venture traduit l’engagement de l’État à transformer ses richesses sur place, au bénéfice des générations présentes et futures. Selon lui, le partenariat avec Suvarna représente une étape essentielle pour structurer l’orpaillage artisanal, sécuriser les recettes fiscales et dynamiser l’économie locale à travers des emplois et de nouvelles compétences.
Cet engagement pour transformer sur place les matières premières rappelle d’autres initiatives de diversification économique observées sur le continent, notamment en Algérie, où un partenariat avec le groupe chinois LONGi vise à développer massivement l’énergie solaire pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.
Le projet nigérien de raffinerie d’or s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large d’émancipation économique au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). En intégrant l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction à la transformation, le Niger aspire à passer d’une économie de rente minière à un modèle productif, capable d’assurer une croissance plus inclusive et moins vulnérable aux fluctuations extérieures.