L’économie mondiale continue d’évoluer au rythme d’un équilibre fragile, entre ajustements tarifaires reportés, instabilité des marchés énergétiques et incertitudes commerciales persistantes. Les effets de ces tensions sont palpables, notamment à travers les fluctuations de la demande industrielle en Europe et la nervosité des marchés financiers. Dans ce climat, les économies maghrébines, dont celle du Maroc, tentent de se réinscrire dans une trajectoire de croissance, sans pour autant écarter les menaces extérieures.
Consommation solide et embellie des marchés
Au premier trimestre 2025, le Maroc affiche une progression estimée à 4,2 % de son produit intérieur brut, marquant une légère accélération par rapport à la fin de l’année précédente. Ce rebond reste toutefois fragile, porté avant tout par la vigueur de la consommation des ménages, en hausse de 4,5 % sur un an, soutenue par une politique de revalorisation des salaires dans les secteurs public et privé ainsi que par des allègements fiscaux.
Cette dynamique est intervenue malgré une inflation qui s’est redressée à 2,2 %, contre 0,7 % au trimestre précédent. La pression sur les prix s’est surtout fait sentir dans l’alimentation, les produits frais, la viande et le poisson, tandis que les produits non alimentaires ont connu une évolution plus contenue (+1 %), principalement liée à l’énergie.
Le marché financier a, lui aussi, profité de cette reprise. L’indice MASI a enregistré une hausse de 36,5 % en glissement annuel, accompagné d’un bond notable de la capitalisation boursière. Les volumes de transactions ont plus que doublé, tirés par des secteurs comme les transports, l’immobilier, les mines ou encore la santé.
Secteurs contrastés et déséquilibre extérieur persistant
Parmi les branches les plus dynamiques figurent les services marchands, avec une croissance de plus de 13 %, ainsi que l’industrie extractive et la construction, qui ont progressé à des rythmes supérieurs à 6 %. L’agriculture, quant à elle, affiche une reprise plus modeste, autour de 3 %, contribuant néanmoins à la consolidation globale de l’activité.
En revanche, l’industrie manufacturière a marqué le pas, freinée par une demande extérieure moins soutenue et des coûts de production encore élevés. Cette faiblesse, conjuguée à un déficit commercial creusé par une hausse rapide des importations, continue de peser sur la contribution du commerce extérieur à la croissance.
L’investissement a toutefois repris des couleurs, en grande partie sous l’effet d’une reconstitution des stocks. À la fin de 2024, il représentait 5,4 points de contribution à la croissance, contre 3,7 points au trimestre précédent.
Quels leviers pour la suite ?
Les mois à venir seront déterminants pour confirmer cette dynamique. L’économie marocaine devra composer avec une conjoncture internationale instable et la menace persistante d’un ralentissement du commerce mondial. Le maintien d’un niveau élevé de consommation dépendra en grande partie de la maîtrise de l’inflation, notamment sur les produits alimentaires.
À plus long terme, la relance pourrait gagner en solidité si elle s’accompagne d’une politique industrielle plus offensive et d’un recentrage des investissements vers les secteurs à forte valeur ajoutée. La résilience du tissu productif et la stabilité sociale seront également des facteurs clés pour transformer ce rebond conjoncturel en reprise durable.