Les relations économiques entre le Maroc et l’Union européenne s’inscrivent dans un partenariat de longue date, ancré dans les transformations successives du commerce euro-méditerranéen depuis les années 1990. L’accord d’association entré en vigueur en 2000, puis l’accord agricole de 2012, ont renforcé cette dynamique en ouvrant davantage les marchés agricoles et industriels. Avec le temps, le Maroc s’est imposé comme un partenaire central pour Bruxelles au sud de la Méditerranée. Le Royaume est aujourd’hui le premier partenaire commercial de l’UE dans la région, devançant largement ses voisins maghrébins en termes d’échanges et d’investissements.
Une croissance continue malgré des fluctuations sectorielles
En 2024, les échanges agricoles entre Rabat et Bruxelles ont franchi un nouveau seuil, dépassant les 7 milliards d’euros, ce qui représente 12% de l’ensemble des flux commerciaux entre les deux partenaires. Cette performance, bien qu’en légère hausse par rapport à l’année précédente, traduit une stabilité remarquable après plusieurs années de croissance soutenue. Du côté des importations marocaines, le blé demeure un pilier central : bien que les volumes aient reculé de 19% en une année, ils atteignent encore 3,7 millions de tonnes, pour une valeur de 785 millions d’euros. L’Union européenne a ainsi couvert près de 60% des besoins du Maroc en cette céréale essentielle à son alimentation.
À l’inverse, le Royaume poursuit son expansion sur le marché européen en matière de légumes frais. En 2024, les exportations marocaines de tomates vers l’UE ont atteint un milliard d’euros, représentant près d’un tiers de la valeur totale de ses produits agricoles exportés vers l’Europe. Cette progression de 3% s’accompagne d’un bond de 18% des volumes, à 581 000 tonnes. Plus globalement, les exportations agricoles marocaines à destination de l’UE ont plus que triplé depuis l’entrée en vigueur de l’accord de 2012, pour culminer à 3,4 milliards d’euros.
Un solde toujours favorable à l’Union européenne
Malgré l’élan des exportations marocaines, la balance commerciale agricole reste dominée par l’Union européenne. En 2024, ses ventes agricoles au Maroc ont atteint 3,6 milliards d’euros, soit dix fois plus qu’il y a une décennie. Cette asymétrie maintient un solde positif de 200 millions d’euros pour l’UE. Au-delà de la seule agriculture, les échanges commerciaux globaux entre les deux entités ont franchi le cap des 60 milliards d’euros cette année, soit une progression de 7% par rapport à 2023 et une hausse de plus de 50% par rapport aux niveaux observés avant la crise sanitaire mondiale.
Cette dynamique n’est pas isolée du contexte plus large d’interdépendance économique : l’UE représente près de la moitié des importations totales du Maroc et demeure son principal client, captant près des deux tiers de ses exportations. Les flux d’investissements suivent la même logique, avec plus de la moitié des investissements directs étrangers au Maroc provenant de l’Union européenne.
Le rival algérien intensifie ses efforts pour renforcer ses échanges avec l’Europe
Parallèlement à la dynamique marocaine, l’Algérie s’efforce de diversifier ses échanges avec l’Union européenne. En 2024, le pays a enregistré une croissance de 18% de ses exportations agricoles, mettant en avant des produits tels que les dattes, les olives et les agrumes. L’agriculture biologique algérienne, notamment la variété de dattes Deglet Nour, suscite un intérêt croissant sur les marchés européens.
Pour soutenir cette diversification, l’Algérie a lancé un plan agricole national pour 2024-2025, axé sur l’autosuffisance alimentaire et la production durable. Ce plan inclut des initiatives telles que l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et l’adoption de technologies agricoles avancées.
Sur le plan institutionnel, des négociations sont prévues en 2025 pour réviser l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE, en vigueur depuis 2005. L’objectif est de rééquilibrer les relations économiques et de mieux intégrer les produits algériens sur le marché européen.
Ces initiatives reflètent la volonté de l’Algérie de renforcer ses liens économiques avec l’Europe, en mettant l’accent sur la diversification de ses exportations et l’amélioration de sa compétitivité sur les marchés internationaux.