Une turbine à gaz. Photo : DR
Depuis plusieurs années, l’Algérie cherche à s’émanciper de sa dépendance aux hydrocarbures en diversifiant ses ressources économiques, notamment à travers une industrialisation progressive de son secteur énergétique. Ce choix stratégique s’est traduit par des investissements massifs dans les infrastructures de production électrique, la formation de main-d’œuvre spécialisée, et surtout la mise en place de coentreprises avec des partenaires internationaux pour le transfert de technologie. L’un des exemples les plus concrets de cette stratégie est la création de GEAT (GE Algeria Turbines), fruit d’une alliance entre le groupe public Sonelgaz et General Electric Vernova. Grâce à cette entité, l’Algérie produit désormais localement des turbines à gaz et des équipements pour centrales électriques à haute et très haute tension. Une avancée considérable qui commence à porter ses fruits à l’international.
Des turbines algériennes en route vers le Moyen-Orient
Dans un mouvement qui illustre la nouvelle ambition industrielle algérienne, Sonelgaz et GE Vernova viennent de conclure un accord de taille. Plusieurs protocoles ont été signés pour exporter des turbines à gaz de fabrication algérienne vers un pays du Moyen-Orient, dont le nom reste pour l’instant confidentiel. Ce contrat marque un tournant : c’est l’un des premiers cas concrets où des équipements complexes, conçus et assemblés en Algérie, trouvent preneur sur un marché étranger aussi exigeant.
L’envergure de cette commande n’est pas anodine. Elle témoigne d’une reconnaissance de la qualité des turbines produites par GEAT et de la confiance croissante accordée aux capacités techniques algériennes. En pratique, cela signifie que les lignes de production de Batna, principal site de GEAT, ne serviront plus uniquement à satisfaire la demande nationale, mais contribueront aussi à répondre à des besoins énergétiques internationaux. Environ 35 % des turbines et équipements produits, représentant une capacité de plus de 20 GW, sont destinés à l’exportation vers le client du Moyen-Orient.
Un partenariat industriel qui dépasse les promesses
Le partenariat entre Sonelgaz et General Electric Vernova, qui a vu le jour il y a quelques années, se révèle aujourd’hui être l’un des leviers les plus performants de l’industrialisation énergétique de l’Algérie. En plus d’avoir permis l’émergence d’un savoir-faire local, cette coentreprise produit désormais des modèles de turbines de plus en plus compétitifs. Ce succès repose notamment sur la capacité des deux partenaires à adapter la technologie aux exigences spécifiques des pays clients, mais aussi à proposer des solutions clés en main.
Au-delà des simples chiffres ou volumes d’exportation, cette opération symbolise une montée en compétence industrielle. Elle confère à l’Algérie une position de producteur-exportateur de biens technologiques stratégiques, dans un secteur où l’expertise est historiquement dominée par des pays fortement industrialisés. C’est une manière pour le pays de se faire une place dans une chaîne de valeur internationale qui, jusqu’ici, lui échappait.
Une étape stratégique vers l’autonomie technologique
Ce contrat avec un client du Moyen-Orient pourrait bien être la première pierre d’un édifice plus ambitieux : celui d’une autonomie technologique croissante pour l’Algérie dans le domaine de l’énergie. Produire des turbines sur son sol ne signifie pas seulement répondre à ses propres besoins : cela permet aussi de tisser des relations économiques durables avec des partenaires extérieurs, en s’affirmant comme un fournisseur fiable et crédible.
Dans une région du monde où les enjeux énergétiques sont particulièrement sensibles et où la concurrence est rude, ce type de partenariat ouvre des perspectives commerciales significatives. Il envoie également un signal fort aux autres pays du Maghreb : que la valeur ajoutée peut, et doit, être créée localement pour éviter une dépendance prolongée aux seules matières premières.
Si l’Algérie parvient à multiplier ce genre d’opérations, elle pourrait devenir, à moyen terme, un acteur de référence dans la fabrication d’équipements énergétiques. Et ce, non pas uniquement en raison de ses ressources naturelles, mais grâce à sa capacité à transformer et exporter des technologies complexes. Une mutation industrielle qui, lentement mais sûrement, redéfinit les contours de son économie.