La mauvaise foi des commerçants et leur envie de se protéger contre les malfaiteurs déterminent la rareté de la monnaie divisionnaire, selon une étude menée par Dr Abdou Kadiri Imorou du Larem-Bec/Uac. Face à cela, la proximité du client avec le vendeur influence les transactions.
La rareté de la petite monnaie affecte négativement les attitudes cognitives, affectives et conatives des consommateurs à l’égard des magasins de commerce ; la proximité perçue du client avec le vendeur modère négativement l’influence de la rareté de la monnaie divisionnaire sur les attitudes des consommateurs à l’égard des magasins de commerce. Telles sont les conclusions auxquelles est parvenu Dr Abdou Kadiri Imorou du Laboratoire de recherche en marketing et bien-être du consommateur de l’université d’Abomey-Calavi (Larem-Bec/Uac), au terme d’une étude sur le thème « Attitudes des consommateurs à l’égard des magasins de commerce face à la rareté de la monnaie divisionnaire : rôle modérateur de la proximité perçue du client avec le vendeur ».
Présentant les fruits de ses recherches lors des Journées scientifiques de l’économie béninoise (Jseb) mi-décembre 2022 à Cotonou, il relève que le problème de la rareté de la monnaie divisionnaire se pose dans les échanges commerciaux des principaux centres urbains en Afrique subsaharienne au point qu’elle est source de nombreux désagréments dans les transactions commerciales entre les agents économiques. Le Bénin n’échappe pas à cette triste réalité, le pays étant également marqué par la pénurie des pièces de monnaie que ce soit dans les stations-service, les boulangeries, les pharmacies, les transports en commun, les magasins, les supermarchés ou les marchés de vivres. Les agents économiques éprouvent d’énormes difficultés à s’en procurer, ce qui a engendré deux graves conséquences à savoir le ralentissement de l’activité économique et le développement du faux-monnayage, explique Dr Abdou Kadiri Imorou.
Il pointe du doigt la mauvaise foi des commerçants et le comportement de protection contre les malfaiteurs comme les principaux déterminants de la rareté de la monnaie divisionnaire. Une telle situation est aussi causée par un manque de stock de monnaie dans les institutions bancaires béninoises, selon Jean-Baptiste Abeni cité par l’auteur.
Face à la pénurie
Plus il y a la rareté de la monnaie divisionnaire, plus les clients développent une attitude non favorable à l’égard des magasins de commerce, souligne-t-il. Les résultats de ses recherches montrent aussi que plus le client est proche du vendeur, moins il développe une attitude non favorable à l’égard de son magasin de commerce face à la rareté de la monnaie divisionnaire.
La détention de la monnaie par les différents agents, pour le motif de la transaction, est plus forte en billets de banque qu’en pièces métalliques, fait remarquer l’auteur. Et un petit nombre de vendeurs, ajoute-t-il, acceptent le règlement des achats par billets dès lors que le remboursement nécessiterait des pièces de monnaie.
Si la monnaie divisionnaire est émise en quantités suffisantes par la banque centrale, sa rareté amène les agents économiques à faire des transactions avec des personnes qui leur sont familières afin de se protéger contre les malfaiteurs et les détenteurs de faux billets, estime le chercheur. Ce qui a l’avantage, selon lui, de freiner le phénomène et de permettre la poursuite normale des activités économiques.
Pour remédier à la rareté de la monnaie divisionnaire, préconise l’auteur de la recherche, il importe d’intensifier les sensibilisations à l’égard des vendeurs en vue de l’acceptation des transactions commerciales à la fois avec des clients qui leur sont familiers ou non et les détenteurs de gros billets de banque en utilisant des détecteurs de faux billets afin de se protéger contre les clients malveillants. De même, poursuit-il, la banque centrale doit inciter les pays à orienter leurs politiques monétaires vers la bancarisation de l’économie, en l’occurrence vers la généralisation de l’usage des cartes bancaires et surtout vers l’adoption du Mobile banking lors des transactions économiques.