Publié le 30 avril 2025
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Climat : des solutions africaines pour gagner la bataille de l’adaptation
L’Afrique, continent qui pollue le moins mais dont les populations paient le plus lourd tribut économique et social à la crise climatique, regorge de pionniers qui mettent en œuvre des solutions alternatives. Tour d’horizon de ces nouvelles voies, en amont du sommet Change Now qui se tient à Paris du 24 au 26 avril 2025.
« Tout le monde devrait être écoféministe ! » Adenike Oladosu en est persuadée : la lutte contre l’injustice climatique est indissociable de la question du genre et de la bataille pour les droits des femmes. « Le réchauffement climatique touche tout le monde mais celles qui en souffrent le plus, ce sont les femmes et les filles. Ce sont elles qui s’occupent des besoins domestiques en eau et qui doivent parfois marcher jusqu’à six heures par jour pour en trouver », rappelle-t-elle. Dans les familles les plus fragiles, « lorsqu’il y a des sécheresses ou des inondations, des jeunes filles sont parfois échangées en mariage précoce ».
Fondatrice de l’initiative « I Lead Climate Action », la militante nigériane porte une attention toute particulière à la situation autour du lac Tchad. Les tensions sécuritaires qui déstabilisent la région, au premier rang desquelles les violences commises par le groupe terroriste Boko Haram, y sont exacerbées par les conséquences de la crise climatique. « Autrefois, le lac avait la taille de Francfort, en Allemagne. Aujourd’hui, il n’est plus que l’ombre de lui-même et ne peut plus subvenir aux besoins des plus de 40 millions de personnes réparties entre le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun », regrette-t-elle dans l’entretien en vidéo qu’elle a accordé à Jeune Afrique en marge du sommet ChangeNow*.
Effort mondial
Face à ce qu’elle considère comme de l’inaction de la part des autorités des pays concernés, Adenike Oladosu s’interroge : « Quelles sont les initiatives envisagées pour maintenir le lac ou empêcher son assèchement ? Si des actions sont prises, cela peut faire avancer les choses et contribuer à restaurer sa taille normale. Mais il y a aussi des enjeux financiers. Le lac Tchad ne reçoit pas autant de financements qu’il le devrait. Il faut des engagements solides pour maintenir les initiatives existantes », plaide-t-elle ajoutant qu’il s’agit d’un « problème majeur qui nécessite un effort mondial ».
Très active sur la scène internationale, la militante est présente lors de nombreux colloques et sommets où elle s’emploie à briser le prêt-à-penser qui lie démographie et crise climatique. « L’Afrique est responsable de moins de 3 % des émissions mondiales, rappelle-t-elle. Ce sont les pays qui ont la population la plus faible qui émettent le plus. Alors pourquoi blâmer notre population ? » Surtout, elle y répète, inlassablement, la nécessité d’agir, sans attendre. « Les dirigeants parlent de 2050 ou 2080… Mais qu’en est-il de 2025 ? Pourquoi attendre ? Nous exigeons une action réelle face à la crise climatique. »
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(*) Jeune Afrique Media Group est partenaire de ChangeNow, qui s’est tenu à Paris du 24 au 26 avril 2025.