Pionnière de la mobilité électrique, Tesla est une entreprise américaine fondée en 2003 et dirigée aujourd’hui par l’entrepreneur Elon Musk. Connue pour ses véhicules électriques haut de gamme et ses avancées technologiques dans le domaine des batteries et de l’intelligence artificielle embarquée, la société s’est progressivement imposée comme un acteur central de la transition énergétique dans l’industrie automobile. En parallèle de ses ambitions spatiales et numériques, Musk continue d’inscrire Tesla dans une logique d’expansion mondiale, avec des implantations dans des marchés souvent inattendus.
C’est dans ce contexte que Tesla a annoncé l’ouverture de ses trois premières concessions en Arabie saoudite, marquant une étape significative dans sa stratégie de diversification géographique. Les nouveaux sites ont été installés à Ryad, Jeddah et Damam, trois villes majeures du royaume. Chacun est équipé de superchargeurs opérationnels dès leur inauguration, preuve d’une volonté d’assurer l’accessibilité et la performance de l’infrastructure électrique, même dans un pays où la voiture thermique demeure largement dominante.
Le lancement a été salué par Naseem Akbarzada, responsable de Tesla dans le royaume, qui voit dans cette arrivée un alignement avec la Vision 2030, programme de réformes économiques et sociales porté par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ce plan vise à réduire la dépendance du pays au pétrole et à moderniser son économie. L’installation de Tesla s’inscrit donc dans un cadre politique favorable aux investissements étrangers et à l’innovation technologique.
Malgré ce contexte porteur sur le plan symbolique, le marché saoudien des véhicules électriques reste marginal. Le coût peu élevé de l’essence – autour de 0,57 euro le litre – freine encore l’attrait pour les alternatives électriques, et ce malgré les efforts d’ouverture. Pour certains observateurs comme l’économiste Mohammed Al-Qahtani, ces initiatives doivent être accompagnées d’investissements plus massifs pour faire émerger une véritable demande locale.
La décision d’élargir la présence de Tesla en Arabie saoudite intervient par ailleurs dans une période délicate pour le constructeur. Depuis le début de l’année, les ventes mondiales de la marque sont en recul. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette baisse, notamment les réactions critiques à l’égard d’Elon Musk, en raison de sa proximité affichée avec le président américain Donald Trump, revenu à la tête des États-Unis depuis janvier 2025.
Historiquement alliée à Washington, l’Arabie saoudite avait déjà renforcé ses liens économiques avec les États-Unis lors du premier mandat de Trump, à travers une promesse d’investissement de 600 milliards de dollars. Le contexte diplomatique entre les deux pays pourrait ainsi jouer un rôle dans l’accueil réservé à Tesla sur le marché saoudien.
En s’implantant dans ce pays riche en hydrocarbures, Tesla tente donc un pari stratégique : se positionner comme un acteur de la modernisation d’un géant pétrolier, en dépit des freins structurels à la transition électrique. Ce mouvement pourrait préfigurer d’autres tentatives de percée sur des marchés complexes, où l’image de l’innovation technologique reste un levier d’influence majeur.