Hier, lundi 13 mars 2023, le chef d’Etat du Niger a effectué sa première visite de travail au Bénin, depuis son élection en 2021. Avec son homologue béninois, Mohamed Bazoum a discuté des questions de coopération bilatérale en matière d’économie et de sécurité. Après le tête-à-tête Talon-Bazoum, les présidents se sont prêtés à l’exercice d’un point de presse.
Avec le terrorisme qui sévit à la frontière Bénin-Niger, la question sécuritaire était attendue pour occuper une bonne place dans les échanges entre Patrice Talon et Mohamed Bazoum. Mais à l’arrivée, ce sont plutôt les questions économiques qui étaient beaucoup plus au menu des échanges, à écouter le point fait par les deux présidents. Et pour cause, à entendre Patrice Talon, les deux chefs d’Etats sont plutôt satisfaits des efforts des forces de défense et de sécurité des deux pays, dans la lutte contre le djihadisme. « Nous sommes satisfaits de ce qui a été fait jusque-là, de la coopération entre nos deux Etats, notamment au plan des renseignements, au plan militaire, de sorte que nous avons passé très peu de temps sur la question militaire », a laissé entendre Patrice Talon. Pour le chef d’Etat béninois : « il est aisé de constater à notre frontière commune Niger-Bénin, le parc W, que depuis quelques temps, notre action porte des fruits et que les attaques et les menaces sont plutôt rares. Je ne dirais pas que nous avons la paix définitive, je ne sais même pas si elle existe quelque part dans le monde, mais cette menace, ces manifestations dans ces régions sont plutôt maitrisées. Et je peux dire que nous sommes relativement satisfaits de ce qui se fait ».
Sur la question, le président Mohamed Bazoum est sur la même longueur d’onde. « Je voudrais me réjouir à mon tour du travail accompli par nos services de défense et de sécurité. Nous avons un accord. Si nous devrons en faire d’autre, nous le ferons en mesure de l’évolution de la situation. Ça fait plus de 60 ans que nous sommes indépendants, mais nous n’avons pas cru devoir avoir un accord de coopération militaire. C’est pour la première fois et si nous devrions élaborer d’autres textes juridiques dans ce domaine, nous le ferons. Mais en attendant, le plus important, c’est ce que nous pourrions faire de façon pratique, et ce que nous avons fait jusqu’à présent a répondu convenablement à nos attentes et nous avons encouragé nos forces de sécurité et de défense à poursuivre cette coopération.
Talon s’en prend à Rfi
Apparemment, Radio France internationale (Rfi) ne fait pas la même lecture que le chef d’Etat du Bénin sur la question sécuritaire. Patrice Talon a profité de l’occasion pour dire combien il n’est pas d’accord de la manière dont la question sécuritaire au nord du Bénin est traitée sur le média français. Répondant à une question du correspondant Rfi au Bénin, Jean Luc Aplogan, Patrice Talon s’en est pris à la radio mondiale. « Nous avons tous entendu ce matin sur vos antennes que le parc W fait l’objet d’attaque régulière. Je ne sais pas si le mot « régulière » veut dire la même chose que sporadique ou plutôt rare. Mais nous constatons que c’est plutôt rare maintenant. Mais, pour vous, c’est régulier. Je ne sais pas quel sens vous donnez à cela, mais c’est dommage que vous, ce qui vous intéresse et dont vous faites l’apologie, c’est des choses très mauvaises ou même parfois inexistantes ou qui n’existent que dans vos imaginations. Je suis désolé de le dire ainsi. Mais la presse a l’obligation d’apprécier les choses telles qu’elles sont et d’utiliser les mots appropriés. Nous sommes dans des situations difficiles, il faut reconnaitre les efforts, les prouesses de satisfaction et du succès et c’est cela qui encourage les uns et les autres à faire davantage ».
Des taxes sans « signification » et peut-être pas « légales », se plaint Bazoum
Il n’y a pas que les Béninois qui se plaignent des taxes qui tombent tous azimuts sur leur tête, depuis l’avènement du régime de la Rupture. Les opérateurs économiques du Niger en souffrent également. En porte-parole, le président Mohamed Bazoum a voulu comprendre ces taxes qu’il juge « sans signification » et peut-être pas « légales ». « Il nous est arrivé de dire que certains frais, nous les comprenons pas, que certaines taxes n’ont pas beaucoup de signification, ne sont même peut-être pas légales, il est arrivé qu’on le dise. Nous avons eu droit aux explications nécessaires à cet effet. Que des taxes soient élevées, là également, nous avons parlé de toutes ces questions-là et sur l’ensemble de ces questions, nous avons évolué à l’occasion de nos discussions et nous allons mettre en place des commissions sectorielles qui vont poursuivre le débat », a laissé entendre le chef d’Etat nigérien. C’est dire que la question est d’une importance capitale pour la bonne santé des relations entre les deux pays, au point où des commissions sectorielles soient mises en place afin de poursuivre le débat. « Même au regard de la composition de notre délégation, on comprendrait parfaitement que nous sommes venus parler de choses économiques, de choses importantes, déterminantes pour la vie du Niger et la relation entre le Bénin et le Niger. C’est surtout des questions économiques que nous avons parlé », a fait comprendre Mohamed Bazoum.
M.M