Publié le 19 avril 2025
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La prison centrale de Mpimba à Bujumbura accueille, depuis le 8 avril dernier, un détenu peu ordinaire : Jérémy Manirakiza, le secrétaire général de la Fédération burundaise de football (FBF), qui y a été placé en détention provisoire. Membre incontournable de l’instance depuis plusieurs années, il a été interpellé le 27 mars par le Service national de renseignement (SNR) alors qu’il revenait du Maroc, où il avait accompagné les Hirondelles, le surnom de la sélection nationale, pour les matchs qualificatifs pour la Coupe du monde 2026. Jérémy Manirakiza a été conduit de l’aéroport international Melchior-Ndadaye aux locaux du SNR.
Les services de renseignement du Burundi l’ont interrogé pendant plusieurs jours à propos de messages que le secrétaire général de la FBF a publiés sur un groupe WhatsApp. Manirakiza, ainsi que d’autres personnes dont plusieurs membres de sa famille, y auraient affirmé leur soutien au M23, la rébellion active dans l’est de la RDC soutenue par le Rwanda. Les membres de ce groupe WhatsApp auraient également souhaité que le M23 opère au Burundi afin de provoquer la chute du président Évariste Ndayishimiye.
La fédération, qui est dirigée par Alexandre Muyenge, lui-même policier, n’a pas pour l’instant pas communiqué sur les déboires de son secrétaire général, suivis de près par la FIFA. « On ne sait pas qui sont les autres personnes interpellées, indique une source proche de la FBF contactée par Jeune Afrique. Manirakiza a pu recevoir des visites du secrétaire général adjoint lorsqu’il était au SNR, pour des affaires liées à la gestion de la fédération. En revanche, ce n’est que depuis qu’il a été transféré à la prison centrale qu’il a droit à un avocat. »
Messages WhatsApp
Plusieurs charges pèseraient contre le prévenu, mais celles-ci n’ont pas été officialisées. Elles sont néanmoins, selon nos informations, en lien direct avec les messages qu’il est accusé d’avoir échangés sur WhatsApp. « Les services de renseignement ont saisi les téléphones portables [des différentes personnes interpellées] », ajoute la source précédemment citée qui a requis l’anonymat. Un autre de nos interlocuteurs à Bujumbura affirme que Jérémy Manirakiza pourrait également faire les frais de rivalités internes : « Il se dit que certains veulent que son poste revienne à un membre du parti au pouvoir [le CNDD-FDD]. »
Jeune Afrique a tenté de joindre le porte-parole du ministère de la Justice, mais n’a pas obtenu de réponse.
Le Burundi a suivi avec attention – et non sans une certaine inquiétude – la progression du M23 en RDC. Ces deux dernières années, il s’est affirmé comme le principal soutien de Kinshasa dans la sous-région. Environ 10 000 soldats de ses soldats ont été déployés pour combattre aux côtés de l’armée congolaise contre le M23 depuis 2021. Cet engagement a suscité la colère de Kigali, avec qui les autorités burundaises entretiennent des relations compliquées.