Evaluer le projet d’aménagement hydroagricole et d’adaptation aux changements climatiques que porte le gouvernement béninois sur une aire de 3000 hectares dans les vallées du Mono et du Niger. C’est l’objectif de la délégation de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) en visite au Bénin, du 13 au 22 mars dernier, sous l’encadrement de Dr Zul-Kifl Salami, chargé de mission du chef de l’Etat.
La mission de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) au Bénin s’inscrit dans le cadre du Projet d’aménagement agricole et d’équipement de 3 000 hectares dans les vallées du Mono et du Niger. Un projet cher au gouvernement béninois qui attache un intérêt particulier au secteur de l’agriculture. La première étape de cette mission encadrée, du 13 au 22 mars dernier, par Dr Zul-Kifl Salami, chargé de mission du chef de l’Etat, a conduit la délégation uniquement sur les installations de la vallée du Mono qui prend en compte une superficie de 1 500 hectares. La visite des 1 500 autres hectares dans la vallée du Niger sera programmée ultérieurement par le gouvernement béninois. Ainsi, la délégation, au cours de sa mission, a visité à pas de charge des installations de plusieurs aménagements hydro agricoles dans les localités de Lokossa, Athiémé, Grand-Popo et eu des discussions avec les populations concernées, ainsi qu’avec les autorités béninoises notamment au niveau des ministères des Finances, de l’Agriculture et de l’Enseignement supérieur. L’objectif de la visite, selon Hatem Al Bejri, chef de la division secteur public pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale à la Badea, c’est d’évaluer le projet en confrontant par ailleurs les documents y relatifs avec les informations sur le terrain et échanger avec les populations de ces régions. Et la délégation, au terme de la visite, n’en est pas moins satisfaite. Cette mission, a-t-il indiqué, concrétise la coopération exemplaire entre le gouvernement béninois et la Badea qui, depuis ces dernières années, a connu un nouvel essor très significatif avec pratiquement un projet par an et des engagements consistants, sous le leadership de Dr Sidi Ould Tah, directeur général de l’institution financière.
Le projet d’aménagement hydroagricole de la vallée du Mono, soutient-il, est un projet novateur et stratégique parce qu’il touche à la fois la sécurité alimentaire, l’amélioration du niveau de vie des populations, l’adaptation aux changements climatiques et aux changements extérieurs que le monde subit de plus en plus du fait de l’instabilité sur le globe ou du renchérissement des prix des matières premières et des produits agricoles.
Il s’articule, selon ses dires, autour de l’aménagement de 1500 hectares de terres agricoles qui seront irriguées pour la promotion de plusieurs filières dont essentiellement le riz, les cultures maraîchères et le maïs. Il y aura également le développement de la pisciculture. Des étangs piscicoles seront aménagés. Des équipements associés et des infrastructures connexes nécessaires seront installés dans les sept villages bénéficaires à Athiémé et les autres localités concernées.
Approche innovante
Il convient de relever que le projet ne s’arrête pas aux aménagements techniques ou physiques. Il y a des zones d’irrigation, de drainage, des kits de protection contre la remontée des eaux du fleuve Mono. L’aménagement de pistes de circulation et de désenclavement autour de ces sites est également projeté. Chaque site sera relié au village principal par une piste. Il y aura également à côté de ces aménagements des travaux de génie civil, des travaux connexes et le développement des chaînes de valeurs agricoles et piscicoles. « Après la réalisation de ces infrastructures, les bénéficiaires seront encadrés pendant deux ans. Une ligne de crédit leur sera dédiée pour faciliter leur accès. On a estimé à 2500 opérateurs pendant ces deux premières années dont au moins 60 % de jeunes et de femmes qui seront concernés par les activités de transformation, conditionnement, transport, préparation, fumage de poissons, toutes les activités qu’on peut imaginer autour des filières agricoles et piscicoles. Notre approche est participative et inclusive et nous travaillons de concert avec la population», précise le chef de la division secteur public pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale à la Badea.
Un projet à grande portée salué par Dr Zul-Kifl Salami, chargé de mission du chef de l’Etat à qui il témoigne sa reconnaissance pour la qualité de sa gouvernance, son leadership et ses actions qui portent, selon lui, vers des signaux très élevés du développement du pays et la prospérité de ses populations.
« Ce projet a une grande portée, pour des raisons multiples. D’abord c’est environ 35 milliards F Cfa de financements concessionnels, c’est-à-dire adaptés aux infrastructures pour la vallée du Mono. Prioritairement après la vallée du Mono, c’est le même montant de 35 milliards qui sera affecté à la vallée du Niger», souligne-t-il, tout en remerciant le ministre de l’Agriculture pour l’orientation donnée à la mission de la délégation pendant les 10 jours de travaux.
Le projet, apprécie-t-il, permettra de créer de la valeur ajoutée, d’aider les populations, d’accroître la production agricole et halieutique, de créer des emplois, de réaliser des infrastructures sociocommunautaires et de générer des revenus. Avec les experts du ministère de l’Agriculture et leurs collègues de la délégation il a été question d’analyser l’organisation générale, l’architecture du projet ainsi que les problèmes de pérennité et durabilité surtout en matière de structuration des coûts. Une expertise de haute facture qu’a relevée Dr Zul – Kifl Salami, au terme des travaux.
La visite des installations a permis à la délégation de confronter les prévisions à la réalité du terrain. Ainsi, il a été permis à la mission de visiter le fleuve Mono, d’apprécier son débit, la fertilité du sol et surtout de rencontrer les populations qui sont les ultimes bénéficiaires. A ces communautés il a été expliqué qu’il ne s’agit nullement d’exproprier mais d’aménager des terres agricoles aux frais de l’Etat et de leur restituer ces exploitations une fois aménagées. Une approche innovante que n’ont pas manqué de saluer les populations acquises à la cause, vu le caractère holistique du projet.
La délégation a concomitamment visité les logements sociaux de Ouèdo. La Badea est en effet l’un des premiers financiers de ce projet porté par le gouvernement béninois avec la Banque islamique de développement (Bid) et la Banque ouest africaine de développement (Boad). Les membres de la délégation ont été impressionnés par la qualité des travaux, la finition et l’impact sur les populations. Et c’est sur cette base, qu’ils ont réagi très favorablement, selon le chargé de mission du chef de l’Etat, à la requête potentielle du gouvernement pour financer 1666 logements additionnels. Ceci à la condition que la bonne gouvernance soit au rendez-vous ainsi que la célérité et la réactivité dans l’action de part et d’autre, éléments essentiels pour porter le projet rapidement à sa phase de matérialisation, à en croire Dr Zul-Kifl Salami ■