Publié le 22 avril 2025
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« Ils ne nous ont toujours pas dit comment les accusés ont fait pour conspirer contre l’État », a fustigé Samir Dilou, membre du collectif des avocats de la défense dans ce procès hors-norme qui a vu une quarantaine de politiciens d’opposition, d’avocats et même d’anciens ministres condamnés en Tunisie. Pour leur conseil et leurs proches, ce procès pour « complot » contre l’État est « fabriqué de toutes pièces ». Ils ont déjà annoncé plusieurs recours en appel.
« Au total 892 années, soit huit siècles et 92 ans de prison » ont été prononcées, a constaté Samir Dilou lundi 21 avril devant la presse. Un procès « sans précédent en Tunisie », estime-t-il. Selon lui, les avocats des accusés n’ont pas eu accès au dossier d’accusation dans sa totalité. Devant le tribunal, l’avocat avait dénoncé une absence d’éléments probants pour faire condamner ses clients.
Pour Abdennasser Mehri, le procès du « complot », tenu sur seulement trois audiences, sans réquisitoire ni plaidoiries des défenseurs, constitue même une « violation patente de la loi ». « C’est une affaire montée de toutes pièces, sans fondement, selon un plan préétabli. Aujourd’hui nous craignons que la balance de la justice n’ait été cassée », a-t-il alarmé. Le procès a été utilisé « pour mettre dans le même panier tous ceux dont on voulait se débarrasser », estime Dalila Msaddek, une autre avocate.
Samedi, c’est Human Rights Watch (HRW) qui avait dénoncé un procès qui n’a « même pas fait semblant d’être équitable ». L’ONG, qui avait pu lire l’ordonnance de renvoi, considère que les « graves » accusations « ne reposent sur aucune preuve crédible ».
The court did not give even a semblance of a fair trial in Tunisia’s conspiracy case, a mass trial of 40 people. It issued harsh sentences of 13-66 years after just 3 sessions, without hearing defendants’ side and barring journalists and trial observers https://t.co/FglNCu6ejP pic.twitter.com/Vu3SrnD4ix
— Bassam Khawaja (@Bassam_Khawaja) April 19, 2025
Arrestation d’un avocat de la défense
Lors de cette conférence de presse, Samir Dilou a aussi annoncé l’arrestation lundi matin de l’ancien juge Ahmed Souab, devenu avocat. « Il va rester en détention pendant cinq jours et les deux premiers jours il ne pourra pas communiquer avec ses avocats », a-t-il déploré. Selon les médias locaux, Me Souab a été placé en garde à vue sur le soupçon de « menace de crimes terroristes », après des déclarations samedi à la suite du jugement du méga procès.
Des vidéos le montrent en train de dire : « les couteaux ne sont pas sous la gorge des prisonniers mais sous celle du juge qui a émis son verdict », accompagnant ces propos d’un geste mimant un égorgement, dans une allusion aux pressions du pouvoir tunisien sur la magistrature. Le comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) a dénoncé dans un communiqué une « arrestation brutale » et « l’effondrement de la séparation des pouvoirs » en Tunisie.
(Avec AFP)