Publié le 5 mai 2025
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L’heure est à l’optimiste pour le mégaprojet de TotalEnergies au Mozambique. À l’arrêt depuis 2021 en raison d’attaques du groupe Mashababos (al-Chabab), lié à l’État islamique, au Cabo Delgado, province du nord du pays, le projet GNL, chiffré à 20 milliards de dollars, devrait repartir prochainement.
« L’objectif est de [le] relancer d’ici mi-2025 », a déclaré le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la présentation des résultats du premier trimestre du groupe, le 30 avril dernier.
« Les actionnaires ont décidé d’aller de l’avant avec le projet, nous y travaillons tous. Nous attendons encore une ou deux réponses, mais, dans les faits, il s’agit de simples formalités », a assuré le dirigeant ajoutant, pour témoigner de l’engagement des porteurs du projet, qu’ils seraient prêts à le financer sur fonds propres en cas de réticence des agences de crédit à l’exportation.
Zone sécurisée
Dans ce projet, TotalEnergies possède 26,5 % des parts du consortium au sein duquel il est associé aux compagnies indiennes ONGC Videsh (16 %), Bharat Petroleum (10 %) et Oil India Ltd (4 %), à la société thaïlandaise PTTEP (8,5 %), à l’entreprise publique mozambicaine ENH (15 %) et au japonais Mitsui (20 %).
Après avoir accepté de financer le projet, la banque américaine Eximbank avait mis son veto, sous l’administration Biden, à un prêt de 5 milliards de dollars. Fin 2024, Patrick Pouyanné avait tenté de faire débloquer l’enveloppe de 5 milliards de dollars avant l’investiture de Donald Trump. Ce financement crucial pour relancer le projet a finalement bien été approuvé en mars dernier.
Quant à la situation sécuritaire dans le nord du Mozambique, là encore, Patrick Pouyanné s’est montré optimiste : « La zone est sûre en termes de sécurité. Nous travaillons aujourd’hui pour nous assurer que tous les travailleurs resteront dans le périmètre de cette zone sécurisée », a-t-il assuré.
Si le Rwanda et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) mènent des opérations militaires conjointes contre le terrorisme dans la région, la situation demeure instable. Sur son site, le ministère français des Affaires étrangères continue d’ailleurs à formellement déconseiller à ses ressortissantes de se rendre au Cabo Delgado et dans une partie de la province voisine de Niassa.
Controverse autour des droits de l’homme
Selon une enquête du Monde publiée fin 2024, TotalEnergies aurait su dès 2021 que des exactions étaient commises contre des civils par les soldats mozambicains de la Joint Task Force chargés de surveiller son site au Mozambique. Plusieurs témoignages recueillis par différents médias font état de villageois enlevés, torturés, voire exécutés, souvent pour s’être approchés trop près du site en question. Des documents internes que le quotidien s’est procurés indiquent que la multinationale avait connaissance de ces violences mais serait restée silencieuse, et aurait continué à payer ses militaires jusqu’en octobre 2023, date de fin de l’accord entre la Task Force et l’entreprise.
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Une polémique à laquelle a répondu Pouyanné, toujours lors de la présentation du premier trimestre. « Nous avons travaillé pour répondre à certaines controverses concernant les droits de l’homme. Je ne sais pas si cela s’est produit ou non, nous n’avons aucune preuve », a-t-il indiqué. Fin mars, TotalEnergies avait affirmé dans un communiqué « saluer » l’ouverture d’une enquête sur ces allégations par le procureur général du Mozambique, affirmant que sa filiale « Mozambique LNG coopérera[it] pleinement ».
Par ailleurs, l’entreprise s’est engagée à rendre public un rapport pour lequel elle a sollicité l’évaluation de la Commission nationale des droits humains du Mozambique. « Laissons la justice faire son travail et acceptons les résultats », avait répondu Patrick Pouyanné, interrogé sur l’indépendance de cette commission.