Bonjour à toutes et tous,
Bienvenue dans cette nouvelle édition du Brief de Jeune Afrique. Le principe est simple : vous apporter le meilleur de Jeune Afrique, en revenant sur les cinq articles qu’il ne fallait absolument pas manquer cette semaine.
Au programme de cette édition :
1 – Présidentielle au Gabon : après le plébiscite, comment Oligui Nguema prépare la suite
2 – Au Maroc, la cyberattaque devient une affaire d’État
3 – Crise Mali-Algérie : Bamako saisit le Conseil de sécurité de l’ONU présidé par la France
4 – Présidentielle en Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam sera le candidat du PDCI
5 – Comment Trump menace l’équilibre de la dette africaine
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1 – Présidentielle au Gabon : après le plébiscite, comment Oligui Nguema prépare la suite
Brice Clotaire Oligui Nguema au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle, le 13 avril à Libreville. © Daniel BELOUMOU OLOMO / AFP
« Soviétique ». 94,85 % de voix. C’est le résultat obtenu par Brice Clotaire Oligui Nguema à la présidentielle du samedi 12 avril, au Gabon. La veille, l’ancien « tombeur » d’Ali Bongo Ondimba avait dit souhaiter un « score soviétique ». Son vœu a été exaucé.
Cette victoire par « coup K.O. », il l’a remportée à l’issue d’un scrutin affichant un taux de participation de 70,11 %, selon les résultats provisoires. À comparer aux 55 % de participation observés lors du référendum constitutionnel de novembre 2024.
Saluant la « maturité du peuple gabonais », celui qui, pendant la campagne, se présenta comme le « candidat du peuple », a enjoint ses partisans à « tourner la page de l’élection présidentielle » pour se faire « bâtisseurs de paix et de justice ».
Deal ? L’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, arrivé en seconde position avec 3,11 % de suffrages exprimés, a immédiatement reconnu sa défaite, tout en émettant des doutes sur la sincérité du scrutin. « Je ne féliciterai pas quelqu’un qui a verrouillé la Constitution, la loi électorale et tout l’appareil d’État à son profit », a confié à Jeune Afrique celui qui affirme vouloir incarner l’opposition.
Soupçonné par certains d’avoir passé un « deal » avec le désormais président élu, face auquel il se serait présenté dans le seul but de crédibiliser l’élection, il s’inscrit en faux. « Je n’ai passé d’accord avec personne, encore moins avec le camp au pouvoir. J’insiste, aucun. Ni à titre personnel, pas davantage du point de vue politique. »
Macron à Libreville ? Les préparatifs en vue de l’investiture du président élu sont déjà lancés. Le président français, Emmanuel Macron, qui a félicité Brice Clotaire Oligui Nguema dès l’annonce de sa victoire, le 13 avril, pourrait se rendre à Libreville pour l’occasion. Des invitations officieuses ont par ailleurs été adressées au chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, au Congolais Sassou Nguesso, à l’Équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo ou encore au Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embaló.
2 – Au Maroc, la cyberattaque devient une affaire d’État

Les deux cyberattaques menées au Maroc, les 8 et 12 avril 2025, contre des organismes gouvernementaux – notamment les ministères de l’Emploi, de l’Agriculture et, surtout, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) – secouent les couloirs de l’administration marocaine. © AdobeStock
Sans précédent. Les 8 et 12 avril, le Maroc a été la cible de deux cyberattaques d’une ampleur sans précédent ciblant des organismes gouvernementaux. Les hackers sont parvenus à mettre la main sur les données de plusieurs ministères (Emploi, Agriculture) et de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) portant sur l’intégralité de l’année 2024.
54 000 fichiers, des données sensibles concernant pas moins de 2 millions de Marocains, des informations portant sur un demi-million d’entreprises, des fiches de salaires – y compris de certains très hauts cadres du royaume ou de membres de leur famille… La fuite, massive, a provoqué une onde de choc.
Qui est à la manœuvre ? Les pirates qui ont revendiqué la double attaque affirment être des Algériens, diffusant le contenu des données volées sur un groupe Telegram intitulé « Jabaroot DZ ». Pourtant, rien ne l’atteste. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que, au-delà d’éventuelles visées politiques, l’incident a révélé les béances dans les systèmes de sécurité numérique des organismes officiels marocains.
« Aucun serveur de production n’a été interrompu. Il n’y a eu aucune demande de rançon. La partie qui se trouve derrière cette attaque ne cherche pas à négocier, seulement à divulguer », constate un expert en cybersécurité interrogé par Jeune Afrique en marge du Gitex Africa. Ironie du sort, Marrakech a en effet accueilli, du 14 au 16 avril dernier, le plus grand salon consacré à la tech et aux start-up en Afrique. La cybersécurité figurait en bonne place parmi les thématiques abordés.
3 – Crise Mali-Algérie : Bamako saisit le Conseil de sécurité de l’ONU présidé par la France

Un drone turc Baykar Akıncı identique à celui de l’armée malienne abattu par l’Algérie, le 31 mars 2025. © Creative Commons/Wikipedia
« Agression ». La crise entre l’Algérie et le Mali va-t-elle s’internationaliser ? C’est en tout cas ce que souhaite la junte dirigée par Assimi Goïta, qui a adressé une lettre aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Bamako y dénonce la « destruction d’un drone des Fama [Forces armées maliennes], dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, sur le territoire malien, suite à une action hostile préméditée du régime algérien ». Dès le 6 avril, les autorités maliennes avaient prévenu avoir l’intention de saisir les instances internationales face à ce qu’elles ont qualifié « d’actes d’agression ».
Selon les informations de Jeune Afrique, la lettre en question a été remise… au représentant de la France qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité en ce mois d’avril. Pour l’heure, l’initiative malienne ne semble pas devoir prospérer. Aucun des quinze membres du Conseil de sécurité – y compris l’Algérie – n’a jugé bon de mettre la crise entre Bamako et Alger à l’ordre du jour d’une session extraordinaire.
Agressions. Tandis que le ton ne cesse de monter entre les autorités des deux pays, en Algérie, les étudiants subsahariens sont confrontés à une vague d’hostilité. Agressions, insultes racistes, stigmatisation… Plusieurs victimes ont accepté de livrer leur témoignage à Jeune Afrique.
Le climat est si pesant que l’Union des étudiants et stagiaires nigériens en Algérie (UESNA) a enjoint ses adhérents à « limiter au maximum les déplacements non essentiels jusqu’à un retour à l’apaisement ». L’organisation étudiante de la diaspora nigérienne a recensé des « actes de vol, d’intimidation et de menace » et s’inquiète de « vagues de refoulement de migrants ».
4 – Présidentielle en Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam sera le candidat du PDCI

Le président du PDCI, Tidjane Thiam, à la 144e session du CIO à Costa Navarino, en Grèce, le 20 mars 2025. © Fabrice COFFRINI / AFP
Élection jouée d’avance. Tidjane Thiam a obtenu 99,50 % des suffrages exprimés lors du vote interne au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Le successeur d’Henri Konan Bédié à la tête du plus vieux parti du pays voit ainsi sa candidature à la présidentielle d’octobre prochain conforté par l’onction d’un scrutin qui était, pour le moins, joué d’avance. Tidjane Thiam était en effet le seul et unique candidat. Jean-Louis Billon, qui lui a un temps disputé l’investiture du PDCI, ne s’est pas présenté.
Candidature fragilisée. Mais la partie est encore loin d’être gagnée pour l’ancien patron du Credit Suisse. Si sa légitimité politique sort renforcée de ce scrutin pour lequel 93,17 % des 6 000 cadres du PDCI se sont déplacés, Tidjane Thiam est confronté à plusieurs procédures judiciaires dont l’issue pourrait l’empêcher de se présenter à la magistrature suprême. Au cœur de la polémique qui fragilise sa candidature : la question de sa nationalité.
En février dernier, il avait annoncé renoncer à la nationalité française qu’il avait obtenue en 1987, afin de pouvoir se lancer dans la course à la présidence. Ses détracteurs affirment qu’il aurait perdu sa nationalité ivoirienne et ont porté l’affaire devant les tribunaux.
5 – Comment Trump menace l’équilibre de la dette africaine

Le président américain, Donald Trump, s’adresse aux journalistes alors qu’il retourne à la Maison-Blanche à bord d’Air Force One, le 13 avril 2025. © Mandel NGAN / AFP
Monnaies affaiblies. La guerre commerciale lancée par Donald Trump aura de lourdes conséquences sur les économiques africaines. Et ce, même si le milliardaire américain a mis – très partiellement – en pause cette offensive inédite sur le cadre réglementaire qui prévalait depuis plusieurs décennies.
Parmi les victimes : les monnaies africaines. Une baisse des exportations vers les États-Unis est synonyme de baisse des entrées de dollars, et donc, mécaniquement, d’affaiblissement des monnaies locales, explique Martin Agan dans l’analyse qu’il signe pour Jeune Afrique sur les conséquences, sur les dettes africaines, des décisions erratiques de Donald Trump.
Dettes alourdies. Tout aussi mécaniquement, le service de la dette va s’alourdir brutalement. Une large partie des dettes des États africains est en effet libellée en devises étrangères, et notamment en dollars. Moins de dollars signifie qu’il faudra compenser avec plus de monnaie locale, dont la valeur aura été atteinte…
L’effet domino attendu ne devrait pas s’arrêter là : la baisse des exportations, l’une des principales sources de recettes fiscales des États africains, va réduire d’autant leurs marges de manœuvre budgétaire. Or ces capacités financières sont pourtant cruciales, en particulier pour rembourser les dettes souveraines. Cette fragilité entraînera une perte de confiance des marchés qui, en retour, prêteront à des taux encore plus élevés qu’actuellement.