Depuis plusieurs années, les relations sino-américaines oscillent entre tensions commerciales, rivalités technologiques et divergences stratégiques. À ces différends traditionnels s’est ajoutée une dimension sanitaire, amplifiée par la pandémie de Covid-19. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche semble raviver cette dynamique conflictuelle, remettant en lumière certains clivages marquants de son premier mandat. Son administration choisit d’appuyer une lecture controversée de l’origine du virus, s’en prenant frontalement à la Chine mais aussi à la gestion de la crise par son prédécesseur, Joe Biden. Cette posture, bien que politique, illustre un regain de tension dans un contexte mondial où les lignes diplomatiques restent instables.
Sur le site Covid.gov, un virage éditorial notable a été opéré avec la mise en ligne d’une version remaniée de la page dédiée à la pandémie. Le contenu désormais mis en avant s’écarte de l’approche précédemment axée sur la prévention et l’information sanitaire pour adopter un ton plus politique. L’image du président Trump y figure aux côtés de critiques ciblées contre la réponse sanitaire du gouvernement Biden, notamment sur le port du masque, la distanciation sociale ou encore la gestion de la vaccination. La page évoque également ce qu’elle qualifie de « désinformation », accusant les autorités de l’époque d’avoir coopéré avec des plateformes numériques pour censurer certains discours.
Le cœur du propos repose toutefois sur la relance de la théorie de la « fuite de laboratoire », présentée comme l’explication la plus crédible quant à l’origine du Covid-19. L’hypothèse, un temps marginalisée voire qualifiée de complotiste, bénéficie aujourd’hui d’un regain d’intérêt aux États-Unis, certains organismes fédéraux comme le FBI ou le ministère de l’Énergie la considérant comme plausible, bien que les niveaux de certitude divergent. La CIA, elle, privilégie cette thèse avec un « faible degré de confiance », un positionnement qui entretient le doute plutôt que de le dissiper.
Du côté de Pékin, cette orientation est perçue comme une manœuvre politique visant à détourner l’attention. Les autorités chinoises dénoncent ce qu’elles estiment être une instrumentalisation de la pandémie à des fins géopolitiques. Elles réaffirment que l’origine naturelle du virus reste l’explication la plus plausible, balayant d’un revers de main les accusations de négligence ou de dissimulation.
Ce nouvel épisode reflète plus largement la détérioration continue des relations bilatérales. Alors que les différends commerciaux et technologiques restent non résolus, la pandémie fournit un nouveau terrain d’affrontement symbolique. La reconfiguration du récit autour du Covid-19, en pleine réinstallation de Donald Trump à la présidence, s’inscrit donc dans une stratégie plus large de repositionnement idéologique et diplomatique face à la Chine.