Au fil de sa campagne électorale et depuis son investiture en janvier 2025, Donald Trump n’a cessé de marteler l’importance stratégique du canal de Panama pour les États-Unis. « Ce canal aurait dû rester sous contrôle américain » avait-il affirmé lors d’un meeting en Floride l’été dernier, qualifiant la rétrocession de 1999 de « pire erreur stratégique jamais commise ». Cette rhétorique agressive s’accompagne désormais d’actions concrètes visant à renforcer l’influence américaine dans cette zone critique, considérée par Washington comme relevant de sa sphère d’influence naturelle face aux ambitions chinoises grandissantes.
Un compromis militaire significatif
Les efforts de l’administration Trump viennent de porter leurs premiers fruits. Sans parvenir à rétablir des bases militaires permanentes sur le territoire panaméen, Washington a néanmoins obtenu une concession importante. Selon l’accord bilatéral signé récemment par Pete Hegseth, secrétaire à la Défense américain, et Frank Abrego, son homologue panaméen, les troupes américaines pourront désormais se déployer autour du canal stratégique.
Le texte précise que l’armée américaine et des sociétés militaires privées mandatées par les États-Unis « pourront utiliser les sites autorisés, les installations et les zones désignées pour des entraînements, des activités humanitaires […] et des exercices« . Cette présence militaire, bien que limitée, constitue une avancée majeure pour l’administration Trump dans sa stratégie de reconquête d’influence au Panama.
Une résistance panaméenne qui persiste
Malgré cette concession, les autorités panaméennes maintiennent une ligne rouge claire. Le président Jose Raul Mulino a catégoriquement rejeté les demandes américaines concernant l’établissement de bases militaires permanentes et les « cessions de territoires » évoquées par Washington. « Vous voulez le désordre, […] mettre le feu au pays?« , aurait-il rétorqué à Pete Hegseth lors de leur rencontre.
Frank Abrego a également réaffirmé fermement la position panaméenne: « Nous ne pouvons pas accepter de bases militaires ou des sites de défense ». Les autorités ont par ailleurs insisté sur le fait que « ce canal est et restera panaméen », marquant ainsi leur volonté de préserver la souveraineté nationale face aux pressions américaines.
Cette avancée limitée mais significative s’inscrit dans la stratégie plus globale de Donald Trump visant à contrer l’influence chinoise croissante en Amérique latine et à restaurer la prééminence américaine dans une région qu’il considère comme l’arrière-cour naturelle des États-Unis. Si l’administration américaine n’a pas atteint tous ses objectifs initiaux, ce premier pas pourrait préfigurer d’autres initiatives visant à renforcer l’emprise américaine sur ce corridor maritime essentiel au commerce mondial.