Fiscaliste, Avocat au Barreau du Bénin après une quinzaine d’années au Barreau de Bruxelles, spécialiste des questions pétrolières, conseiller communal à Avrankou et membre fondateur du parti Bloc Républicain, Me Atèlé François Kèkè, était l’invité de l’émission sociopolitique « Expression directe » sur radio Gerddes Fm, dimanche 20 novembre 2022. Entre autres sujets abordés, le projet de construction de l’oléoduc Niger-Bénin, l’industrialisation au Bénin avec la zone économique spéciale de Glo-Djigbé, la réhabilitation par la Cour du parti de l’opposition, Les Démocrates qui participe désormais aux législatives du 8 janvier 2023.
La construction d’un oléoduc entre le Bénin et le Niger a été actée en janvier 2019, et l’infrastructure devra permettre au Niger de transporter son pétrole brut des champs d’Agadem, une région du sud-est du pays, jusqu’à aller sur le marché international en passant par Sèmè-Podji avec un quai qui sera construit en haute mer à Cotonou. De source officielle, l’oléduc mesure environ 1980 km dont 675 km sur le territoire béninois. Suivant le plan établi, l’oléoduc traversera, cinq départements, 17 communes et 141 villages au Bénin. Les travaux dureront deux ans et la durée de vie du projet est estimée à 40 ans, voire plus. En terme d’emplois, plus de 3000 personnes travailleront lors de la construction de l’infrastructure et 300 à 500 emplois permanents seront créés pendant la phase d’exploitation. Outre les emplois, des centaines de milliards FCfa entreront dans les caisses de l’Etat puisque le droit de transit et le fisc seront prélevés sur la période d’exploitation de ce pipeline, qui apprend-on aura une capacité nominale de 4,5 millions de tonnes par an, soit 35 millions de barils et une capacité extensible par ajout de stations de pompage supplémentaires. C’est un vaste projet de développement que l’invité du dimanche dernier sur radio Gerddes Fm n’a pas voulu passer sous silence. « Il faut saluer le chef de l’Etat, le gouvernement béninois dans l’obtention, la négociation de ce projet », a-t-il déclaré d’entrée. Elle poursuit : « Ce sera le plus grand oléoduc d’Afrique (…). Ce n’était pas gagné d’avance parce que le Tchad est à côté du Niger, et le Tchad produit et exporte son pétrole à partir du lac Tchad par un oléoduc qui relie le Tchad à Kribi au Cameroun. Il aurait été facile pour les Nigériens de construire un oléoduc qui relie le Tchad au Niger pour exporter leur pétrole. Mais sous le leadership du chef de l’Etat du Bénin mais également de l’ancien chef de l’Etat du Niger, ils ont négocié âprement et ce projet passe par le Bénin… ». Pour Me François Kèkè, sur chaque baril de pétrole qui passera, le Bénin prélèvera une taxe. « C’est une véritable manne financière pour le Bénin. C’est pour les prélèvements de taxes que cela pourra rapporter au Bénin. Deuxième chose, c’est en train d’être implémenté, c’est des milliers d’emplois que ça va créer et que ça crée déjà. Donc, ayant touché aux matières pétrolières dans ma vie professionnelle, ce projet est à saluer », s’est-il réjoui l’Avocat, Fiscaliste avant de plaider pour que les retombées jaillissent sur les populations à la base. « Normalement quand vous signez un contrat pétrolier (Contrats de partage et production), il y a les fonds qu’on appelle fonds de développement communautaire ; les fonds que versent les compagnies pétrolières pour le développement des communautés locales. Ici, il s’agit d’un oléoduc. Ce qu’il ne faudrait pas oublier, nous devons nous inspirer de ce qui se passe ailleurs. Ça passe par Sado, ça passe par Avrankou, qu’une partie de cette manne profite aux populations des communes traversées par cet oléduc », a-t-il laissé entendre tout en demandant aux dirigeants d’offrir aux compagnies pétrolières et minières des conditions alléchantes pour qu’elles viennent prospecter au Bénin.
L’industrialisation au Bénin à travers la Gdiz
Le 20 novembre dernier la communauté internationale a célébré la journée consacrée au développement de l’industrialisation en Afrique. L’émission Expression directe a sacrifié à la tradition en interpellant l’invité sur cette célébration. « Un pays ne se développe pas sans l’industrialisation. Donc ce qui se passe à Glo-Djigbé doit être salué à plus d’un titre. On a parlé du pétrole tout à l’heure. Le Niger va exporter une partie de son pétrole. Ce qui se passe au Bénin, c’est que nous allons sur place transformer nos produits locaux. Ce qui se passe à Glo-Djigbé, c’est permettre au Bénin que ce que nous produisons soit transformé au Bénin afin que nous ajoutons de la plus-value. C’est la transformation qui ajoute de la valeur », a insisté Me Atèlé Kèkè Adjignon sur la métamorphose qui s’opère du côté de la GDIZ, zone économique spéciale. « L’industrialisation fait développer un pays, et j’espère que ça va se poursuivre parce que l’un des problèmes de l’industrialisation également, c’est l’énergie. Là, il faut saluer le gouvernement parce qu’on n’a plus de délestages intempestifs comme avant. On a de coupures certes, puisque nos installations sont ce qu’elles sont. Donc il faut les rénover, mais ça passe par l’énergie. Et le Bénin doit trouver les moyens de produire l’énergie. Je ne donne pas de conseil ici, mais dans d’autres pays, on fait de vous, de moi, des citoyens qui produisent l’énergie avec des panneaux solaires à domicile… », préconise-t-il pour un vrai décollage de l’industrialisation au Bénin.
Les Démocrates réintégrés dans la course
Sur le terrain politique, que pense Atèlé François Kèkè de la réhabilitation du parti Les Démocrates par la Cour constitutionnelle ? « Il faut saluer la démocratie. La démocratie est en marche (…) Pour moi, à mon humble niveau, tout ce qui s’est passé avant n’a plus d’importance. Ce qui est important, c’est qu’il y aura une compétition (…). La Cour constitutionnelle a dit le droit, je suis juriste, je me soumets », a-t-il répondu.
W.B