Les autorités libyennes ont annoncé, dans la soirée du mercredi, la fermeture des bureaux d’une dizaine d’organisations non gouvernementales internationales, qui leur reproche des « activités hostiles » et la promotion de valeurs jugées contraires à celles du pays. La décision a été rendue publique lors d’une conférence de presse du ministère de l’Intérieur.
Parmi les ONG concernées figurent notamment Médecins sans frontières (MSF), le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), l’International Medical Corps (IMC) et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon les autorités libyennes, ces organisations auraient mené, sous couvert d’action humanitaire, des activités portant atteinte à l’intégrité de l’État et à la sécurité nationale. Il leur est notamment reproché de promouvoir « l’athéisme, la chrétienté, l’homosexualité et la décadence morale ».
Les autorités libyennes accusent également ces organisations, à travers leurs programmes d’aide aux migrants, de favoriser l’installation de populations d’origine africaine sur le territoire libyen. « Ces organisations ont apporté un soutien à des migrants illégaux en leur fournissant de la nourriture, des vêtements, des médicaments, ce qui les encourageait à considérer la Libye comme une destination finale et non un pays de transit », a déclaré Salem Gheit, porte-parole de l’Autorité de sécurité intérieure.
Il a poursuivi en ajoutant : « ce projet d’installer des migrants d’origine africaine dans notre pays représente une activité hostile. Elle vise à modifier la composition démographique du pays et menace l’équilibre de la société libyenne ».
Cette décision inquiète les acteurs humanitaires alors que la Libye accueille actuellement plus de 85 000 réfugiés, selon le HCR. Bon nombre de ces exilés, présents en Libye dans des conditions extrêmes, dépendent largement de l’aide fournie par ces organisations internationales.
Médecins sans frontières se prononce
Présente en Libye depuis 14 ans, Médecins sans frontières affirme que sa mission est strictement humanitaire, axée sur la fourniture de soins aux personnes vulnérables. L’ONG rappelle qu’elle opère en toute transparence et en coopération avec les autorités libyennes.
Pour de nombreux observateurs, cette décision risque d’aggraver la situation des migrants et réfugiés en Libye, un pays où ces populations sont déjà confrontées à des violences systématiques : tortures, esclavage, exploitation sexuelle et travail forcé.
« C’est une catastrophe pour les milliers de migrants bloqués en Libye », alerte David Yambio, un Sud-Soudanais réfugié dans le pays et responsable d’une organisation locale d’aide aux exilés. Il redoute une détérioration rapide des conditions de vie des migrants, laissés sans assistance face à un environnement déjà extrêmement hostile.
Alors que les tensions autour de la question migratoire ne cessent de croître en Libye, la fermeture des bureaux de ces ONG marque un tournant inquiétant pour la protection des populations vulnérables et l’avenir de l’aide humanitaire dans le pays.