Publié le 4 mai 2025
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C’est une première dans la guerre qui oppose depuis le 15 avril 2023 au Soudan l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemetti.
« L’ennemi a ciblé ce matin la base aérienne d’Osman Digna avec des drones explosifs, un entrepôt de marchandises et certaines installations civiles dans la ville de Port-Soudan », a indiqué le porte-parole de l’armée, le général Nabil Abdullah dans un communiqué. L’attaque n’a pas fait de victimes, a ajouté la même source ainsi qu’un responsable de l’aéroport, qui a confirmé l’attaque. Les vols vers et depuis Port-Soudan ont été suspendus, a indiqué un responsable gouvernemental.
Tenue par l’armée, la ville de Port-Soudan, jusqu’à présent épargnée par les violences, abrite également des agences de l’ONU et des centaines de milliers de déplacés. C’est la première fois depuis le début de la guerre qu’une attaque vise cette ville située à plus de 600 kilomètres à l’est de Khartoum.
Khartoum reprise aux paramilitaires
Au début du conflit, l’armée avait été chassée de Khartoum par les FSR et s’était repliée vers l’est, transférant le siège du gouvernement à Port-Soudan sur la mer Rouge. Mais fin mars, elle a repris Khartoum aux paramilitaires.
Un correspondant de l’AFP à Port-Soudan a indiqué avoir ressenti une détonation à l’aéroport situé à 20 kilomètres au sud de la ville. « Nous étions en route vers l’avion lorsque nous avons été évacués très rapidement », a raconté un témoin présent sur place. Une épaisse colonne de fumée noire s’élevait au-dessus de l’aéroport.
Alors que le conflit vient d’entrer dans sa troisième année, le pays est fracturé : l’armée contrôle le Centre, l’Est et le Nord, tandis que les paramilitaires tiennent à l’Ouest la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du Sud. Cette guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, déraciné 13 millions et plongé certaines régions dans la famine, provoquant « la pire catastrophe humanitaire » au monde, selon l’ONU.
Les FSR ont multiplié les attaques
Port-Soudan se trouve à plus de 600 kilomètres des positions connues les plus proches des FSR, situées dans le sud d’Omdourman, ville jumelle de Khartoum. Privées d’aviation, les troupes d’Hemetti s’appuient sur des drones, artisanaux ou sophistiqués, pour leurs offensives, des équipements que le gouvernement soudanais accuse les Émirats arabes unis de fournir. Malgré des rapports d’experts, Abou Dhabi nie toute implication.

Ces dernières semaines, les FSR ont multiplié leurs attaques de drones contre des sites civils et militaires stratégiques. En avril, une frappe contre des infrastructures électriques dans la ville d’Atbara (Nord) avait plongé le pays dans le noir. Port-Soudan est toujours privé d’électricité depuis une dizaine de jours.
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Selon un ex-général soudanais s’exprimant sous couvert d’anonymat, ces attaques visent à démontrer « qu’aucun endroit n’est sûr » et que les paramilitaires sont en mesure de frapper « n’importe quelle région du Soudan ». Les FSR chercheraient également « à perturber le trafic aérien et à dissuader les compagnies internationales, comme EgyptAir ou Ethiopian Airlines, que le ciel du Soudan n’est pas sans danger », explique-t-il.
(Avec AFP)