Dans les paysages ensoleillés du Maghreb, le tourisme a toujours été bien plus qu’un secteur parmi d’autres. Entre les plages méditerranéennes, les souks animés et les sites historiques millénaires, cette région attire chaque année des millions de visiteurs venus chercher un équilibre entre culture, nature et hospitalité. Les pays du Maghreb ont chacun cultivé leur propre approche pour séduire les voyageurs. Si la Tunisie mise depuis longtemps sur ses stations balnéaires et l’Algérie sur son potentiel encore en friche, c’est le Maroc qui, depuis plusieurs années, se distingue par une politique volontariste et des résultats concrets. Ce dynamisme touristique s’est imposé comme un levier économique central, surtout dans un contexte mondial marqué par des crises successives. Aujourd’hui encore, les chiffres confirment la place de choix qu’occupe le secteur dans l’équilibre financier du pays.
Un premier trimestre 2025 sous le signe des records
Le début de l’année 2025 a donné le ton : le Maroc a accueilli 4 millions de touristes en seulement trois mois, un chiffre inédit qui reflète une hausse de 22 % par rapport à la même période en 2024. Cette progression spectaculaire s’explique par une combinaison d’éléments : un regain d’attractivité post-pandémie, la diversification des offres touristiques (de l’écotourisme dans l’Atlas aux circuits culturels dans les médinas), mais aussi une communication efficace qui valorise l’image du pays sur les marchés internationaux.
Ce boom touristique a naturellement des répercussions directes sur les flux financiers. Les recettes générées par les voyages ont ainsi frôlé les 24,63 milliards de dirhams à fin mars, soit une augmentation de 579 millions de dirhams par rapport à 2023. Cette progression, bien que plus modeste que celle de la fréquentation, reste révélatrice d’une tendance solide. Le tourisme ne se contente pas d’attirer les foules ; il injecte aussi de la monnaie forte dans l’économie marocaine.
Une balance des voyages excédentaire et solide
Si le tourisme rapporte, il coûte aussi, notamment par les dépenses des résidents marocains à l’étranger. Pourtant, la balance des voyages affiche un excédent net de 17,62 milliards de dirhams, en légère amélioration (+1,5 %) par rapport à 2024. Ce solde positif démontre que les entrées de devises restent bien supérieures aux sorties, garantissant un apport net bénéfique à l’économie nationale.
Les dépenses de voyages des Marocains, bien qu’en hausse (7 milliards de dirhams, +4,8 %), ne remettent pas en question cet équilibre. Elles témoignent même d’un pouvoir d’achat qui se maintient, dans une conjoncture où le tourisme intérieur et les déplacements personnels vers l’étranger s’intensifient. Le Maroc réussit ainsi un équilibre rare : il encourage ses citoyens à découvrir le monde tout en continuant d’attirer de manière massive les visiteurs étrangers.
L’empreinte des Marocains de l’étranger : entre attachement et fluctuations
Autre pilier financier directement lié au tourisme et aux mobilités internationales : les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger. À la fin du premier trimestre 2025, ces transferts s’élevaient à 26,22 milliards de dirhams. Ce flux témoigne de l’attachement durable de la diaspora à son pays d’origine, mais aussi d’une conjoncture économique internationale plus serrée qui peut affecter la capacité d’envoi.
Ces transferts jouent un rôle indirect mais crucial dans le développement du tourisme. Nombre de Marocains de l’étranger reviennent régulièrement visiter leur pays, injectant ainsi des ressources supplémentaires dans les circuits touristiques locaux. Ils soutiennent les hôtels, les restaurants, les petits commerces, tout en entretenant un lien vivant entre les communautés d’ici et d’ailleurs.
Le tourisme comme stratégie économique durable
Le Maroc, en misant sur le tourisme, n’a pas simplement trouvé une manne financière temporaire. Il a bâti une stratégie économique capable de résister aux secousses mondiales. Le secteur a prouvé sa résilience face aux chocs extérieurs, et les performances actuelles montrent qu’il continue d’évoluer. La croissance observée en 2025, qu’il s’agisse du nombre de visiteurs ou des recettes générées, confirme cette orientation. Le tourisme n’est pas un complément à l’économie marocaine, il en est l’un des moteurs essentiels.
À l’échelle du Maghreb, cette dynamique donne l’exemple. Le Maroc, en capitalisant sur ses atouts culturels, naturels et humains, construit une économie où la diversité touristique devient un levier de développement. À l’image d’une oasis nourrie par de multiples rivières, le pays tire profit de la convergence entre tourisme de loisirs, tourisme religieux, tourisme d’affaires et tourisme diasporique. Et ce n’est pas un mirage : les chiffres sont là pour le prouver.
Dans cette optique, chaque visiteur, qu’il soit touriste occasionnel ou expatrié de retour, devient un acteur de la croissance. Le défi pour les années à venir sera d’assurer la durabilité de ce modèle, en intégrant des pratiques respectueuses de l’environnement et des populations locales. Car si le tourisme est aujourd’hui l’épine dorsale de l’économie marocaine, il peut demain en être le cœur battant, à condition de rester en phase avec les réalités sociales et les attentes globales.