Au Bénin, la question de la relecture du code électoral de mars 2024, monopolise le débat politique, à moins d’un an des élections générales de 2026. Source de frustration au sein de l’opposition, le code a fait l’objet d’une conférence organisée récemment par le président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Orden Alladatin, aussi député de la mouvance présidentielle.
Au sortir de cette conférence, dont l’objectif visé était de permettre aux participants de se réapproprier le contenu du nouveau code électoral, sous un angle beaucoup plus positif, le président de la commission des lois du parlement a été interrogé par nos confères de Bip radio sur une éventuelle possibilité de relecture du code, comme l’exige l’opposition. A cet effet, Orden Alladatin a déclaré que « tout est possible » si la classe politique se met « d’accord ».
« Moi je n’ai pas de religion de fixation. Si on se met d’accord, on le fera mais si on ne se met pas d’accord, il ne faut pas qu’il ait des insultes. On appliquera le cadre légal. Encore que la Cour constitutionnelle doit dire : il faut que le président de la République soit d’accord d’abord », a dit le député de l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R), parti majoritaire à l’Assemblée.
Mais pour Orden Alladatin, une question se pose : la révision du code électoral, permettra-t-elle à la classe politique de faire face aux défis du moment ? « Est-ce que l’objectif sera atteint par rapport à ce qu’on fera ? », s’interroge ce leader politique, pour qui, le Bénin ne doit pas retourner dans les erreurs du passés.
Mais pour cela, « il y a une condition, un sacrifice à faire, c’est de se mettre ensemble. Et vous allez voir que ceux qui n’y arrivent pas, c’est qu’ils sont seuls. En se mettant ensemble, vous perdez une parcelle de votre rayonnement personnel au profit du groupe. Et c’est ça que certains ne sont pas prêts à faire », a-t-il expliqué, en faisant allusion à loi qui offre la possibilité aux partis politiques de former une coalition parlementaire afin de se représenter aux élections.
Parlant toujours du code électoral, Orden Alladatin a subtilement taclé l’opposition : « Je souhaite humblement que ceux qui disent qu’ils ne sont pas d’accord, disent à partir de maintenant, ce qu’ils proposent. Parce que nous, nous avons proposé quelque chose pour tourner dos aux errements du passé. Mais je remarque qu’il y en a qui ne proposent rien mais qui disent : ce n’est pas bon », regrette-t-il.
« Crisogène »
Adopté en session extraordinaire du mardi 5 mars 2024 par l’Assemblée nationale, le nouveau code électoral a été validé par le Cour constitutionnelle le 14 mars de la même année.
Mais depuis, le code nourrit des frustrations au sein de la classe politique de l’opposition et de la société civile qui le qualifient de « crisogène ». Dans un document rendu public, la Conférence épiscopale du Bénin a dénoncé le manque de consensus autour du code, appelant à sa relecture, au nom de la cohésion sociale.
En effet, le nouveau code l’électoral durcit les conditions de participation aux élections présidentielles. Selon l’article 132 du code, pour être candidat à la fonction de président de la république, il faut être obligatoirement parrainé par un nombre de députés et ou de maires correspondant à au moins 15% de l’ensemble des députés et maires provenant d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales.
Par ailleurs, l’article 146 du même code, dispose que « seules sont éligibles à l’attribution des sièges, les listes, ayant recueilli au moins 20% des suffrages valablement exprimés dans chacune des circonscriptions électorales législatives ».
Si pour certains, cette nouvelle loi est dure, d’aucuns pensent qu’elle permettra de renforcer les partis, qui devront désormais sortir “l’artillerie lourde“ pour avoir des représentations partout sur le territoire national.
La bataille s’anonnce immense pour l’opposition qui ne dispose que de 28 sièges à l’Assemblée.