Les droits de douane instaurés par le président américain Donald Trump et les mesures de représailles adoptées par d’autres pays pèseront considérablement sur l’économie mondiale cette année, selon le FMI. L’institution fait preuve d’une prudence inhabituelle, qualifiant ses estimations de « prévision de référence » plutôt que de « référence de base« .
La croissance mondiale est désormais estimée à 2,8% pour cette année, une révision à la baisse de 0,5 point par rapport aux prévisions de janvier. « Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé« , observe Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI. Les échanges commerciaux devraient croître de seulement 1,7% cette année, contre 3,2% prévus il y a trois mois.
Impacts régionaux différenciés
L’Amérique du Nord subit de fortes révisions négatives avec une croissance américaine prévue à 1,8% (-0,9 point), tandis que le Mexique pourrait entrer en récession. La Chine, ciblée par des droits de douane de 145%, pourrait enregistrer sa plus faible croissance depuis 1990, avec seulement 4%.
La zone euro connaît une révision moyenne de 0,3 point à la baisse, l’Allemagne risquant une nouvelle année sans croissance et la France limitée à 0,6%. L’Espagne fait figure d’exception avec une prévision revue à la hausse à 2,5%, la plus élevée parmi les économies avancées. Le Japon voit sa croissance réduite à 0,6%, compromettant ses espoirs de reprise.
L’économie internationale, sous respirateur ?
Les droits de douane agissent comme « un choc d’offre aux États-Unis, avec une baisse de productivité et une hausse des prix et un choc de demande ailleurs », explique Gourinchas. Bien que l’économie mondiale devrait éviter la récession immédiate, le risque s’est considérablement accru.
Cette situation impactera également l’inflation, qui devrait atteindre 2,5% dans les économies avancées cette année, principalement en raison des États-Unis où elle pourrait se maintenir autour de 3%. Le FMI suggère que davantage de dépenses d’infrastructures pourraient aider à accélérer la croissance dans certains pays.