Après avoir ciblé les exportations européennes par une série de mesures tarifaires dès le début de son second mandat, Donald Trump semble désormais faire face à une forme de réplique moins visible mais tout aussi impactante. Les droits de douane imposés sur les produits européens – notamment le vin, le fromage, les voitures ou encore les produits de luxe – ont relancé les tensions commerciales entre Washington et Bruxelles. Ces décisions, justifiées par l’administration américaine au nom du protectionnisme économique, ont été perçues comme une attaque frontale contre les intérêts européens. En réponse, l’opinion publique du Vieux Continent semble adopter une riposte indirecte, dont les effets commencent à se faire ressentir sur un autre levier économique : le tourisme.
Un recul discret mais significatif
Les opérateurs touristiques européens observent une chute notable des réservations à destination des États-Unis depuis le retour de Trump à la présidence. En Espagne, certaines agences signalent une perte d’intérêt marquée pour les séjours outre-Atlantique, au profit de destinations considérées comme plus accessibles ou politiquement stables, comme le Canada, l’Égypte ou encore des pays d’Amérique latine. Le groupe hôtelier Accor, très implanté aux États-Unis, enregistre une baisse de 25 % des réservations estivales venant d’Europe, tandis que le voyagiste Voyageurs du Monde constate un repli de 20 % depuis janvier.
Cette tendance reflète un rejet croissant de l’image renvoyée par l’Amérique actuelle. Les politiques menées par la nouvelle administration américaine suscitent des inquiétudes quant à l’accueil des étrangers et à l’évolution du climat social. Une partie des voyageurs européens préfèrent ainsi éviter de s’exposer à un environnement perçu comme incertain ou difficile à anticiper.
Un impact direct sur l’économie touristique
Les chiffres confirment cette dynamique : en mars 2025, le nombre de touristes venus d’Europe occidentale et ayant séjourné au moins une nuit sur le sol américain a reculé de 17 % par rapport à la même période de l’année précédente. Cette baisse survient alors que le tourisme représente environ 2,5 % du produit intérieur brut des États-Unis, soulignant le poids économique de ce phénomène.
À l’échelle internationale, la tendance est également à la baisse. Selon les données disponibles, la fréquentation étrangère globale a diminué de 12 % au cours du mois de mars, atteignant son niveau le plus bas depuis la fin de la pandémie. Tourism Economics, qui tablait sur une contraction de 5 % du tourisme international vers les États-Unis pour 2025, ajuste désormais ses prévisions à un recul de 9,4 %.
Si aucune campagne officielle n’est en cours pour décourager les voyages vers les États-Unis, la baisse de fréquentation européenne s’apparente à une réponse implicite aux tensions géopolitiques. En renonçant à voyager aux États-Unis, de nombreux citoyens européens traduisent une forme de désaccord avec les orientations actuelles de Washington, sans avoir à brandir de mot d’ordre. Un choix individuel, mais aux conséquences collectives tangibles.