Les relations franco-algériennes traversent une nouvelle période de crispation. Depuis plusieurs mois, les différends s’accumulent, alimentés par des sujets sensibles tels que la mémoire coloniale, la politique migratoire ou encore certaines prises de position sur des questions régionales. Le climat s’est particulièrement alourdi après plusieurs déclarations publiques et mesures administratives perçues comme des marques de défiance. Dans ce contexte délicat, la coopération migratoire, déjà fragile, semble aujourd’hui sérieusement mise à mal.
Les consulats algériens en retrait dans les CRA français
Selon des informations obtenues par Le Point, l’implication des autorités consulaires algériennes dans le processus de délivrance des laissez-passer consulaires (LPC) connaît un net ralentissement. Pour les Algériens dont l’identité est clairement établie, les démarches se poursuivent par le biais des préfectures françaises. Toutefois, pour les ressortissants dont l’identité nécessite une confirmation, une audition au centre de rétention administrative (CRA) est obligatoire.
Depuis février, les autorités consulaires algériennes ne se rendent plus dans de nombreux CRA pour procéder à ces entretiens. Des villes comme Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, ainsi que Lille où les auditions ont cessé depuis le 12 mars, sont particulièrement touchées. À Bordeaux également, le vice-consul n’a pas participé aux entretiens depuis le 20 mars. Cette absence généralisée, bien que non formalisée par une communication officielle, semble obéir à des instructions provenant des représentations diplomatiques.
Des expulsions en nette diminution
Ce blocage administratif a des conséquences directes sur les opérations d’éloignement. Alors que l’Algérie est tenue d’accepter ses ressortissants pour lesquels un LPC a été délivré, les nouvelles attributions de documents se font de plus en plus rares, notamment pour les personnes retenues en CRA. Ces individus, souvent classés par les autorités françaises comme représentant un risque pour l’ordre public, restent ainsi en attente sans possibilité effective d’expulsion.
La situation contribue à accentuer la dégradation des relations bilatérales. Le nombre d’éloignements est tombé à moins de dix par semaine, bien en deçà des attentes de Paris. Cette évolution illustre les tensions persistantes entre les deux pays, qui peinent à trouver un terrain d’entente durable, malgré les appels répétés à renouer un dialogue constructif.