Le 8 avril 2025, une cyberattaque d’une envergure inédite a frappé le Maroc, visant la base de données des entreprises de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS). Le collectif de pirates informatiques JabaROOT, se revendiquant d’Algérie, a affirmé être à l’origine de cette attaque ainsi que du piratage du site du ministère marocain de l’Emploi.
Selon leurs déclarations, près de 2 millions de données personnelles et des informations concernant 500 000 entreprises ont été volées puis diffusées sur Telegram. Cette offensive numérique n’a pas épargné d’autres institutions stratégiques : le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, la banque Crédit du Maroc, le bureau de liaison d’Israël au Maroc, et même Siger, la holding personnelle du roi Mohammed VI. « C’est l’enfer d’aller au bureau quand on a découvert la veille le salaire de son supérieur », ironise Mehdi, 28 ans, illustrant les conséquences sociales de ces fuites sensibles.
Un contexte géopolitique tendu
Le gouvernement marocain, qualifiant ces actes de « criminels », accuse directement son voisin algérien. « Ces cyberattaques sont survenues le jour même de la réaffirmation par les États-Unis de leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », a souligné le porte-parole de l’exécutif marocain, établissant un lien entre ces événements et le différend territorial qui oppose les deux pays.
De leur côté, les pirates informatiques affirment avoir agi en représailles à des attaques antérieures menées par des hackers marocains contre des pages algériennes sur les réseaux sociaux, dont celle de l’agence officielle Algérie Presse Service (APS). Cette justification suggère une escalade progressive dans ce que certains observateurs qualifient désormais de « cyberguerre » entre les deux nations du Maghreb.
L’engrenage de la riposte numérique
Face à ces attaques, la riposte n’a pas tardé. Un groupe de hackers marocains, se faisant appeler Phantom Atlas, a lancé des contre-offensives ciblant plusieurs sites gouvernementaux algériens. Cette spirale d’actions-réactions illustre comment les tensions traditionnelles entre le Maroc et l’Algérie se déplacent désormais sur un nouveau front, celui du cyberespace, avec des implications potentiellement graves pour la sécurité des données et la stabilité régionale.