Publié le 30 décembre 2023
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En Tunisie, 2024 sera une année d’élections. En janvier, après le second tour des locales, le Conseil des régions et des districts verra le jour. Seconde chambre du Parlement, créé par la Constitution de 2022, ce Conseil sera chargé de veiller au développement régional et d’examiner, avec l’Assemblée, le budget de l’État.
Cette nouvelle architecture politique ne sera toutefois parachevée qu’en octobre, à l’occasion de la présidentielle. Celle-ci s’annonce différente des scrutins postrévolution de 2014 et 2019, alors placés sous le double signe de la pluralité et de l’alternance. Cette fois, un homme fait la course en tête, pratiquement seul : Kaïs Saïed, candidat à sa propre succession.
Une réélection lui permettrait bien sûr de réaffirmer sa légitimité. En 2019, il avait obtenu un score aux allures de plébiscite (72,7%), ce qui lui a permis de lancer, en 2021, une offensive sur le pouvoir qu’il n’a plus, par la suite, ni cédé ni délégué.
Sommé de faire mieux
Ce scrutin arrive après la mise à l’écart des partis et la marginalisation des institutions chargées du contrôle des consultations électorales ; son éclat sera forcément un peu terni. Kaïs Saïed se trouve malgré tout implicitement sommé de faire encore mieux qu’en 2019, ce qui, si les élections sont transparentes, sera une gageure tant la conjoncture économique s’est dégradée en Tunisie.
En 2019, les Tunisiens avaient élu l’austère constitutionnaliste pour sa probité, dans l’espoir de tourner la page des islamistes et de leurs dérives. Finalement, profitant de la confusion et des inquiétudes nées de la pandémie de Covid-19 pour imposer une refonte constitutionnelle, Kaïs Saïed est parvenu à concentrer entre ses mains tous les pouvoirs, le gouvernement se contentant de l’assister tandis que l’opposition est muselée.
Sauf imprévu, le président sortant devrait donc être confortablement réélu. Sa position n’en sera pas moins délicate. Avec de mauvais chiffres du chômage, une économie en berne, des caisses vides et des pénuries, le Kaïs Saïed de 2024 ne pourra plus, comme celui de 2019, arguer que son pays est victime d’un vaste complot ou incriminer les spéculateurs.