Des Palestiniens au milieu des décombres d’un bâtiment touché par une frappe aérienne israélienne à Gaza, le 13 octobre 2023. © MOHAMMED ABED / AFP
Publié le 15 octobre 2023
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« Nous sommes déployés le long de la bande de Gaza avec nos forces terrestres, nous nous préparons pour la prochaine étape de l’opération », a déclaré dimanche 15 octobre un porte-parole de l’armée, Jonathan Cornicus. L’armée affirme être dans l’attente d’une « décision politique ».
Un million d’habitants de ce territoire palestinien, qui en compte 2,4, ont été déplacés depuis le début du conflit et des frappes israéliennes, a annoncé l’ONU dimanche. Les frappes israéliennes y ont tué 2 450 personnes, dont plus de 700 enfants, selon un dernier bilan diffusé par le ministère palestinien de la Santé du Hamas, après la multiplication des bombardements sur ce territoire contrôlé par le mouvement islamiste.
Les frappes se poursuivent
Israël exhorte les Gazaouis vivant dans le nord du territoire à fuir vers le Sud au plus vite, accusant le Hamas, qui s’oppose à cette évacuation, d’empêcher les civils de partir. Israël affirme cibler la ville de Gaza, au Nord, pour y détruire le centre des opérations du Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne. L’armée a annoncé dimanche la mort dans des frappes d’un troisième chef militaire du Hamas, responsable selon elle de l’attaque du 7 octobre.
Mais dans le Sud aussi, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes se poursuivent, selon des habitants. À Rafah, à l’aube, la maison d’un médecin « a été ciblée, toute la famille a été anéantie », affirme un voisin, Khamis Abu Hilal.
Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël lors de l’attaque le 7 octobre des commandos du Hamas, surtout des civils, dont des enfants, et 126 personnes enlevées par le Hamas, selon les derniers chiffres fournis dimanche par l’armée qui a annoncé avoir retrouvé lors d’incursions dans le territoire « des cadavres » d’otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les frappes israéliennes.
Mise en garde de l’Iran
De l’autre côté de la barrière israélienne clôturant le territoire palestinien, les habitants de Sdérot sont aussi évacués dimanche par bus vers Eilat, plus au Sud, ou Jérusalem, au Nord, tandis que de nouveaux tirs de roquettes venant de Gaza sont interceptés.
L’exode des Gazaouis vers le Sud et l’offensive terrestre attendue dans un territoire surpeuplé, désormais placé sous un strict siège, suscitent critiques et inquiétudes au sein de la communauté internationale. Le pape François a appelé à l’ouverture « urgente » de couloirs humanitaires pour les habitants de la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et désormais privée d’alimentation en eau, électricité et nourriture.
L’Iran a par ailleurs averti dimanche que « nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d’un élargissement du conflit » si Israël envahit Gaza. La Maison-Blanche a indiqué dimanche redouter une « escalade » et une possible implication de l’Iran.
La diplomatie américaine est sur le pont. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, doit retourner en Israël lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans six pays arabes. À Ryad, il avait souligné la nécessité de prévenir « une extension du conflit ».
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a assimilé le « déplacement » en cours à l’exode de quelque 760 000 Palestiniens à la création en 1948 de l’État d’Israël, Égypte et Jordanie s’opposant pour leur part à toute nouvelle dispersion de Palestiniens hors de leurs terres.
Tensions à la frontière Israël-Liban
Le risque d’une propagation du conflit au Liban voisin, dont le Sud est contrôlé de fait par le Hezbollah pro-iranien allié du Hamas, concentre les craintes. Une personne a été tuée et d’autres ont été blessées dimanche dans le nord d’Israël par des tirs en provenance du Liban, a indiqué l’armée israélienne, précisant avoir frappé le territoire du pays voisin en représailles. Elle a fermé la zone frontalière aux civils.
L’armée avait dit samedi avoir tué à cette frontière « plusieurs terroristes » tentant de s’infiltrer. Le Hamas a confirmé dimanche la mort de trois combattants infiltrés. Israël a aussi indiqué avoir frappé samedi soir à l’artillerie la Syrie après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan, annexé par Israël en 1967.
Au poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza, l’aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe pas. Ce seul passage entre Gaza et l’extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne. Les étrangers ou bi-nationaux qui s’y pressent ne peuvent pas sortir, comme Ibrahim al-Qarnaoui, un helvéto-palestinien de 77 ans, surpris par le conflit lors de vacances dans sa famille. S’il reste bloqué, il retournera « vivre ou mourir » dans la maison familiale, dit-il.
(Avec AFP)