Engagé dans une guerre sans merci contre le Hamas à Gaza, Israël a aussi repris ses bombardements sur le Liban, où elle cible le Hezbollah. Mais si les combats font rage au Proche-Orient, une autre guerre, plus secrète, se joue sur le continent africain. « Les Israéliens, depuis de nombreuses années, travaillent à cartographier les réseaux de financement du Hezbollah en Afrique », explique Mathieu Olivier, auteur de l’enquête publiée par Jeune Afrique sur les dessous de ce monde d’espions et de trafiquants.
Suspicion automatique
Côte d’Ivoire, Gabon, Cameroun… Les services israéliens ont noué des alliances avec les gouvernements de plusieurs pays du continent. Leur objectif ? « L’État d’Israël n’a qu’une idée en tête quand il travaille avec des États africains, c’est de pouvoir surveiller les communautés libanaises, qu’il suspecte automatiquement d’être des complices du Hezbollah », détaille Mathieu Olivier, dans le décryptage vidéo que vous pouvez visionner ci-dessus. En échange de ces collaborations, Israël propose l’accès à des technologies de surveillance de pointe à des prix défiant toute concurrence, ainsi qu’un « accès privilégié à des informations ».
Ces partenariats discrets permettent au Mossad de mener des opérations d’envergure. Ce fut notamment le cas au Gabon, en 2017, lorsque l’arrestation d’Abdul Mohsen Jamal Husain al-Shatti, un ressortissant koweïtien, avait débouché, quelques mois plus tard, sur le démantèlement de la cellule Al-Abdali. Ce groupe, constitué d’une vingtaine de Koweïtiens et d’un Iranien, était soupçonné par Israël de travailler pour Téhéran et le Hezbollah.
Si elle est bénéfique pour Israël, cette collaboration peut cependant s’avérer politiquement risquée pour les gouvernements africains. « Tous les Libanais ne financent pas le Hezbollah, mais pour Israël, il y a une suspicion qui est automatique. Or, un État africain ne peut pas se mettre à dos une communauté aussi importante économiquement », souligne Mathieu Olivier.