Une toxine bactérienne, capable de modifier l’ADN humain dès le plus jeune âge, a été identifiée comme un facteur potentiel dans l’augmentation inquiétante des cancers colorectaux chez les personnes de moins de 40 ans. Ce phénomène, observé dans au moins vingt-sept pays, pourrait annoncer l’émergence d’une nouvelle génération de patients.
Selon une étude publiée dans la revue Nature, cette hausse serait due à l’exposition précoce à la colibactine, une toxine produite par certaines souches d’Escherichia coli présentes dans le côlon et le rectum, qui altère l’ADN de manière permanente.
Des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego ont examiné 981 génomes de cancer colorectal provenant de onze pays. Leurs résultats montrent que les mutations induites par la colibactine sont 3,3 fois plus fréquentes chez les patients de moins de 40 ans par rapport à ceux de plus de 70 ans.
Le professeur Ludmil Alexandrov, principal auteur de l’étude, souligne que « l’empreinte génétique de cette toxine semble fortement associée aux cancers colorectaux chez les jeunes adultes« . Cette découverte inattendue est survenue alors que l’équipe cherchait initialement à comprendre les disparités des taux de cancers colorectaux entre différents pays.
Un risque insidieux dès l’enfance
L’un des aspects les plus préoccupants de cette découverte est que la colibactine provoque des modifications génétiques spécifiques dès l’enfance. Ces altérations pourraient accélérer de manière significative l’apparition du cancer colorectal. Selon le professeur Alexandrov, les enfants exposés à cette toxine sans le savoir pourraient développer un cancer du côlon à 40 ans au lieu de 60 ans.
D’ici à 2030, le cancer du côlon pourrait devenir la principale cause de décès chez les jeunes adultes. Les mutations génétiques sont également plus fréquentes dans les pays où les cas précoces sont nombreux, bien que les circonstances exactes de l’exposition à cette toxine restent encore floues.
Cette étude d’envergure a été rendue possible grâce à une collaboration internationale, permettant une analyse à grande échelle d’échantillons collectés dans plusieurs pays.
Des menaces sur la recherche future
Malgré l’importance de ces découvertes, de nombreuses incertitudes subsistent concernant la colibactine. Les recherches nécessaires pour approfondir ces connaissances sont malheureusement menacées par des réductions budgétaires imposées par l’administration Trump. Le professeur Alexandrov exprime son inquiétude : « Ce sera, à mon avis, un coup dur pour la recherche sur le cancer, non seulement aux États-Unis, mais aussi dans le monde entier.«