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Publié le 14 novembre 2023
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« Et pourquoi pas moi ? », doit se demander Guillaume Soro. Pourquoi le régime d’Alassane Ouattara laisse-t-il l’ancien président Laurent Gbagbo – Soro fut Premier ministre des deux – vaquer à ses occupations ivoiriennes et pas lui ? Certes, si Gbagbo fut condamné à 20 ans de prison pour le « braquage » de la BCEAO, c’est une sentence de 20 ans puis une peine à perpétuité qui furent prononcées contre Soro. Prime à l’ancienneté pour le septuagénaire socialiste ? Dans quelques jours, il y aura pourtant un an que le quinquagénaire Charles Blé Goudé, lui aussi condamné, est rentré en Côte d’Ivoire.
Méthode Coué
C’est donc avec des airs de méthode Coué que Guillaume Soro déclarait, ce dimanche : « J’annonce ici et maintenant que je mets fin à mon exil ». Des airs d’autosuggestion, car un exil ne s’achève-t-il pas le jour du retour au pays natal ? Si l’éloignement de Soro est censé, selon cette déclaration, prendre fin « maintenant », le message solennel diffusé sur le réseau X ne comporte ni date d’atterrissage à Abidjan ni modalités d’accueil.
En sus d’une réaffirmation qu’il ne serait « coupable d’aucun forfait », l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne justifie son projet de retour par une manifeste lassitude liée à la kyrielle d’évènements consécutifs à l’émission d’un mandat d’arrêt contre lui. Une bonne partie des 4 minutes 59 de la déclaration de ce 12 novembre est employée à égrener les péripéties d’un exilé épuisé, notamment une tentative d’arrestation – selon lui, une « tentative d’enlèvement » – à l’aéroport d’Istanbul le 3 novembre dernier, en vue d’une extradition en Côte d’Ivoire.
Le quinquagénaire est-il prêt à devancer l’iguane dans l’eau ? Mise-t-il sur la bienveillance de Ouattara qui aimait l’évoquer en disant « c’est mon fils » – dixit Soro ? Pour l’instant, à défaut de revenir sur cette « terre ancestrale » loin de laquelle il lui est « pénible de vivre », le président de Générations et peuples solidaires (GPS) a posé ses valises à Niamey. Deux jours après son arrivée, il a affirmé avoir rencontré le général Abdourahamane Tiani, au pouvoir depuis le coup d’État perpétré contre Mohamed Bazoum.
Des envies de présidentielle ?
Le ton solennel de l’allocution prononcée ce week-end, le vœu messianique de « contribuer à la réconciliation des fils et des filles » de la Côte d’Ivoire, le drapeau national incrusté en arrière-plan et la conclusion « vive la Côte d’Ivoire » toute politicienne sont-ils tout à fait étrangers aux rendez-vous électoraux qui se profilent, notamment la présidentielle de 2025 ? Le 8 mai dernier, Guillaume Soro affirmait qu’il n’y avait aucune « raison » pour qu’il ne puisse briguer la magistrature suprême. Encore faudrait-il qu’il foule le sol ivoirien…