Des équipes de défense civile et des civils tentent de sauver des personnes sous les décombres après des attaques israéliennes et alors que les frappes aériennes et les tirs d’artillerie se poursuivent, à Gaza, le 25 octobre 2023. © Ali Jadallah/Anadolu via AFP
Publié le 28 octobre 2023
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Depuis trois semaines, les sirènes de la guerre retentissent à nouveau au Moyen Orient. Le monde a été brutalement réveillé par l’offensive surprise lancée, le 7 octobre, par le Hamas contre Israël. Une attaque qui continue de faire de nombreuses victimes de part et d’autre, suscitant de l’émoi à travers le monde. Pourtant, aussi effroyable et déplorable qu’elle soit, cette offensive du Hamas est la résultante prévisible d’une exaspération engendrée, côté palestinien, par une situation de ni guerre ni paix dans laquelle plus de 2 millions de personnes vivent, en état de siège permanent, dans une enclave de 360 km2.
Grave escalade
En effet, cela fait 17 ans que les Palestiniens de Gaza vivent dans une prison à ciel ouvert, dans un dénuement total, privés de commodités primaires, et croulants dans une pauvreté extrême. Ailleurs, en Cisjordanie, complètement coupé de Gaza et où siège, à Ramallah, l’autorité palestinienne, la situation est également marquée par des exactions et des humiliations quotidiennement subies par les populations palestiniennes, avec les provocations violentes des colons et extrémistes israéliens, sous la protection des forces israéliennes.
À Jérusalem, l’esplanade de la mosquée d’Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, est le théâtre permanent de profanation et de provocations de la part des mouvements extrémistes juifs contre les fidèles musulmans. Sans oublier toutes les manœuvres intenses visant à la judaïsation de cette ville, au détriment des autres communautés musulmanes et chrétiennes.
Pourtant, cette Ville sainte, qui abrite plusieurs sites sacrés des religions abrahamiques, jouit d’un statut particulier visant à préserver les intérêts de tous les fidèles religieux. Devant toutes les injustices et les souffrances qui frappent le peuple palestinien, il est regrettable de constater, depuis un certain temps, une indifférence quasi totale de la communauté internationale, en particulier celle constituée par les puissances occidentales, pourtant prompte à réagir, dès que des intérêts israéliens sont touchés.
Il s’y ajoute que les récentes initiatives de rapprochement entre de pays arabes et l’État d’Israël, notamment à travers les accords d’Abraham, ne semblent pas offrir des perspectives rassurantes de solutions acceptables pour la cause palestinienne. Ni les multiples résolutions adoptées par les Nations unies, royalement ignorées et impunément violées par Israël, ni les différents accords conclus au terme de divers processus de paix n’ont permis au peuple palestinien de jouir de ses droits légitimes de vivre dans un État libre et indépendant. Aujourd’hui, nous assistons à une grave escalade de la tension, suite aux attaques du Hamas.
Initiatives hardies
Sans approuver ou justifier toutes formes de violence extrême contre des populations civiles, de quelques bords qu’elles soient, nous sommes en droit de rappeler, en particulier aux puissances occidentales, membres permanents du Conseil de sécurité, qu’il est de leur entière responsabilité de préserver la paix et la sécurité internationales, en vertu de la charte des Nations unies qui leur accorde de grands privilèges à cet effet.
Il est dès lors important, pour ces puissances occidentales, d’appeler à plus de retenue et de discernement, afin de préserver les chances d’un processus de règlement politique, qu’elles ont le devoir d’engager. En revanche, en prenant fait et cause pour Israël, lui assurant un soutien inconditionnel, ces puissances occidentales risquent d’envenimer la situation en accordant un blanc-seing aux forces militaires israéliennes, susceptible d’entraîner une riposte meurtrière et disproportionnée dans laquelle des milliers de civils palestiniens innocents pourraient perdre la vie.
Une telle perspective, susciterait, sans nul doute, des réactions tout aussi violentes au sein des populations, en particulier dans les pays arabo-musulmans, et aboutirait à un embrasement généralisé dans la région. Il est évident qu’une conflagration régionale serait lourde de menaces et ne serait de l’intérêt d’aucune partie. Il est dès lors, plus qu’urgent, pour préserver la paix et la sécurité internationale, que la communauté internationale, dans sa grande dimension et avec toutes ses composantes éprises de justice et de liberté, engage des initiatives hardies, pour rechercher et mettre en œuvre une solution juste, durable et équitable au problème palestinien.
Une telle solution passe, inévitablement, par la reconnaissance au peuple palestinien de ses droits légitimes et inaliénables à un État libre et indépendant, tout en préservant les intérêts et la sécurité d’un État israélien, enfin débarrassé du lourd fardeau de territoires illégalement occupés.