Publié le 9 avril 2025
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Si les grèves se font rares en Côte d’Ivoire en raison de la « trêve sociale » conclue entre le gouvernement et les fonctionnaires en 2022, celle des enseignants, qui a débuté le 3 avril, a déjà des conséquences. Un responsable du secteur syndical a été condamné à deux ans de prison ferme, mardi 8 avril au soir, pour son implication dans le mouvement social.
Ghislain Duggary Assy avait été arrêté jeudi dernier, accusé d’avoir incité à la grève dans un établissement scolaire. Il est notamment accusé d’ « entrave au fonctionnement du service public ». Pour son avocat, Me Léon-Paul Boto, qui a déjà annoncé faire appel, la décision judiciaire est « grave […] pour la liberté des personnes en Côte d’Ivoire ». « Les faits reprochés à M. Assy, c’est simplement d’avoir véhiculé le message comme quoi il y aura une grève le 3 et le 4 avril », a-t-il ajouté à la sortie de l’audience.
Plusieurs arrestations de leaders syndicaux
L’IS MENA (Intersyndical du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation), a vu plusieurs de ses responsables être brièvement arrêtés mardi, après une réunion avec la ministre de l’Éducation, Mariatou Koné.
« Plusieurs éléments de la gendarmerie nationale ont débarqué dans le restaurant où les leaders prenaient le déjeuner pour les embarquer manu militari », a dénoncé l’intersyndicale dans un communiqué publié sur Facebook. Cette information a été confirmée à l’AFP par l’un des syndicalistes arrêtés. Ils ont été libérés après quelques heures d’audition.
Dans un communiqué publié samedi, la ministre de la Fonction publique Anne Ouloto n’avait pas hésité à menacer les grévistes en prévenant que « tout enseignant absent de son poste à partir du lundi 7 avril à 7 heures serait considéré comme démissionnaire ». Qualifiant la grève « d’illégale et inopportune », la ministre avait rappelé que la Côte d’Ivoire avait engagé 2,7 milliards de francs CFA dans « l’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires ».
Les enseignants ivoiriens gagnent, selon leur avancement de carrière, entre 300 000 francs CFA (environ 450 euros) par mois et 600 000 francs CFA (environ 915 euros) brut hors primes. À quelques mois de l’élection présidentielle, plusieurs partis d’opposition ont appelé le gouvernement à négocier avec le corps enseignant alors que certaines épreuves du brevet n’ont par exemple pas pu se tenir dans des établissements jeudi et vendredi, en raison du mouvement de grève.
(Avec AFP)