Depuis plusieurs années, la transition énergétique s’impose comme une nécessité planétaire face à l’épuisement des ressources fossiles et à l’urgence climatique. Parmi les solutions privilégiées, l’énergie solaire occupe une place de choix, et la Chine s’est imposée comme un acteur central dans cette révolution silencieuse. Grâce à une politique industrielle agressive et à une capacité de production massive, Pékin fournit aujourd’hui une large part des panneaux solaires dans le monde. Son savoir-faire en matière de fabrication à bas coût et de rendement élevé a fait de ses équipements une référence incontournable pour les pays en quête d’indépendance énergétique. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la stratégie énergétique du Maghreb, et plus particulièrement celle de l’Algérie.
L’Algérie accélère sa mue énergétique
Au premier trimestre de 2025, l’Algérie a franchi une étape décisive en important un volume record de panneaux solaires. Ces équipements permettent une capacité de production de 460 mégawatts d’électricité, un chiffre jamais atteint jusqu’ici dans le pays. Cette opération, qui marque un tournant dans les ambitions algériennes, s’appuie en grande partie sur les produits venus de Chine, choisis pour leur fiabilité et leur coût compétitif. Ce partenariat technologique illustre la volonté algérienne d’opérer un véritable changement de cap énergétique.
L’enjeu est de taille. Le pays vise une production de 3000 mégawatts d’énergie solaire dans un avenir proche. Pour y parvenir, les autorités ont lancé un vaste programme de construction de vingt stations solaires. Ce chantier se répartit en deux phases : une première série de quinze stations capables de produire 2000 mégawatts, suivie de cinq autres unités représentant les 1000 mégawatts restants. Avec les premières importations déjà réalisées, l’Algérie semble bien décidée à poser rapidement les fondations de son futur énergétique.
Pourquoi la Chine et pourquoi maintenant ?
Le choix des panneaux solaires chinois ne relève pas du hasard. Outre leur performance éprouvée dans des projets à grande échelle, ces équipements offrent une rentabilité appréciable à long terme. À l’image de pièces maîtresses d’un gigantesque puzzle, ils viennent compléter une stratégie nationale ambitieuse, pensée pour résister à la volatilité des prix des hydrocarbures et renforcer la sécurité énergétique du pays. Dans un environnement économique encore marqué par les fluctuations du marché pétrolier, investir dans l’énergie solaire revient à sécuriser une partie de l’avenir.
En se tournant vers la Chine, l’Algérie s’aligne sur une tendance globale. De l’Amérique latine à l’Asie centrale, de nombreux pays en développement privilégient les technologies solaires chinoises pour leurs infrastructures. Ce modèle de coopération technologique permet de déployer rapidement des projets d’envergure, tout en réduisant les coûts d’investissement. Dans le cas algérien, cette approche permet également d’initier un transfert de compétences et de poser les bases d’une filière locale à moyen terme.
Des ambitions nationales aux retombées régionales
L’impact de ces projets ne se limite pas à la seule Algérie. À l’échelle du Maghreb, cette dynamique pourrait servir de catalyseur pour d’autres pays de la région qui cherchent à s’affranchir des énergies polluantes. La transition énergétique, jusqu’ici freinée par des obstacles techniques ou politiques, semble aujourd’hui trouver un élan nouveau sous l’effet combiné de l’urgence climatique et des opportunités technologiques.
L’Algérie, avec ses vastes étendues désertiques et son fort taux d’ensoleillement, possède un atout naturel majeur pour le solaire. En capitalisant sur cette richesse, elle pourrait devenir un fournisseur régional d’énergie verte ou même exporter son électricité dans le cadre de partenariats transfrontaliers. À terme, ce repositionnement énergétique pourrait redessiner les équilibres économiques au sein du Maghreb, tout en envoyant un signal fort en faveur d’un modèle de développement plus durable.
L’importation massive de panneaux solaires chinois par l’Algérie marque bien plus qu’un simple tournant technique. Elle révèle une vision stratégique tournée vers l’avenir, un engagement concret vers une énergie propre et accessible, et un choix pragmatique en matière de partenariat international. Le soleil, longtemps perçu comme une ressource passive, devient désormais l’un des piliers de la souveraineté énergétique au Maghreb.