Avec plus de 8,7 millions de mètres cubes de sédiments retirés d’une partie du Lac Ahémé dans la zone de Djondji-Houncloun, commune de Ouidah, le plan d’eau reprend progressivement vie. Vendredi 7 avril dernier, José Tonato, ministre du Cadre de vie et du Développement durable, a constaté les impacts sur le site de dragage pilote.
Du quai, les barques s’ébranlent en direction de Djondji. Quelques dizaines de mètres parcourus, José Tonato et sa suite sont accueillis par des sauts de poissons à ce point de migration des espèces halieutiques entre l’océan et les eaux continentales et qui a connu un niveau de comblement critique. Mais aujourd’hui, une pagaie ou une perche ne suffira plus à sonder à ce niveau le plan d’eau. La mesure avec une longue corde portant un lourd crochet envoyé au fond du lac affiche une profondeur mortelle en nage libre. « 12 mètres ? Waouh », s’exclame le ministre du Cadre de vie et du Développement durable à la lecture de la mesure.
En effet, lancés en janvier 2022, les travaux ont consisté au dragage pilote du plan d’eau autour des villages de Djondji (Atlantique) et Houncloun (Mono), de Mékô dans la lagune côtière de Ouidah, de Docloboé dans la lagune de Grand-Popo et du hameau de Hatà dans le chenal Ahô. Le dragage du carrefour hydrologique critique Djondji-Houncloun, sur une superficie de 208 ha, est entièrement réalisé. La réalisation de deux réserves biologiques dans la lagune est achevée. Plus de 8,7 millions de mètres cubes de sédiments ont été refoulés, formant des montagnes de sable sur les rives. Des étangs piscicoles ont été également réalisés.
Satisfaction
Pendant plusieurs heures sur le lac, José Tonato a procédé à une inspection approfondie afin d’identifier les impacts et les menaces éventuelles. Les zones de refoulement ont également été visitées pour voir si l’environnement est en péril ou pas, si ces zones ont été bien traitées conformément aux études préalablement réalisées.
José Tonato est convaincu que le dragage a été mené dans les meilleures conditions techniques et de respect de l’environnement. « Je suis très satisfait de la façon dont les choses se sont passées et nous serons encore plus exigeants dans le repli pour qu’en se repliant les impacts soient consolidés, positivement, et maintenus », déclare-t-il. 76 espèces de poissons, réparties en 59 genres et 38 familles ont été recensées par Dr Christian Viaho dans le cadre de sa thèse soutenue en 2022. 41 espèces sont estuariennes, 20 sont d’origine marine et 15 sont des espèces d’eau douce.
En attendant une évaluation du dragage pilote, de leur côté, les populations se disent elles aussi satisfaites de ce déclic attendu depuis plus de cinquante ans. « A partir de ce dragage pilote, nous allons tirer les leçons pour évoluer vers les autres zones. Mais déjà, les effets se font sentir. Des espèces qui ont disparu depuis des décennies sont en train d’être pêchés actuellement. Des terres fermes ont été gagnées grâce au refoulement des sédiments. Ce qui peut servir à des aménagements touristiques, au maraichage, à la pisciculture et autres activités économiques», note Victor Fassinou, chef d’arrondissement de Djègbadji, commune de Ouidah.
Des attentes
Des récriminations, il y en a eu à certains endroits au sujet des effets collatéraux. Le ministre les a écoutées attentivement et a rassuré les populations. « Je suis content de la visite du ministre qui a pris bonne note et écouté les populations. Les quelques désagréments causés par le dragage pilote ont été pris en compte et seront étudiés », affirme Victor Fassinou.
Il est aussi prévu dans le cadre de ce projet, dont le coût s’élève à plus de 21 milliards de F Cfa la reconstruction de deux passerelles, l’une à Mékô et la seconde à Hatà ainsi que l’érection de quatre embarcadères/débarcadères, respectivement à Djondji, Houncloun, Mékô et Gonkô. Le reboisement de 10 ha de palétuviers (Rhizophora et Avicennia) est à un taux de réalisation de 85 %.
L’assainissement des plans d’eau va se poursuivre non seulement sur le lac Ahémé, mais aussi sur le lac Nokoué et les lagunes de Porto-Novo. Les plans d’eau seront progressivement réhabilités pour restituer aux populations un écosystème productif qui respecte la norme environnementales, étant donné que le développement touristique découle de toutes ces actions, rassure José Tonato, à la fin de sa visite.