Entrepreneur visionnaire, Richard Boni Ouorou a bâti en quelques années un portefeuille d’entreprises diversifiées, implantées sur trois continents – Amérique, Europe et Afrique. Animé par la volonté de conjuguer impact local et standards internationaux, il investit dans des secteurs stratégiques tels que l’agro-industrie, l’audiovisuel, les énergies, l’hôtellerie, l’agroalimentaire et l’intelligence économique. Une seule ambition guide son parcours : faire de l’Afrique un terreau fertile d’innovation, d’éducation et d’opportunités durables.
Homme d’action, enraciné dans une vision pluri continentale, Richard Boni Ouorou fait partie de ces bâtisseurs silencieux dont la trajectoire traverse les continents sans jamais rompre le lien avec leurs origines. À 50 ans, ce natif de Boko, un village du nord du Bénin, incarne cette génération d’entrepreneurs entre deux mondes, qui, de Montréal à Cotonou, tracent des ponts entre les marchés, les cultures et les rêves. Son itinéraire conjugue rigueur académique, flair entrepreneurial et engagement résolu au service des siens.
Les Racines d’Un combat Intime
Dès les premiers instants, Richard Boni Ouorou ancre la conversation dans son histoire personnelle : « Je suis né dans l’ombre d’une famille monoparentale, une réalité rude mais qui a forgé le socle de ma résilience », confie-t-il. Il évoque avec émotion la figure de sa mère, « femme de courage incommensurable », qui l’a élevé seule, « affrontant sans relâche les tempêtes financières et sociales ». Formé au lycée Mathieu Bouké de Parakou, le futur entrepreneur poursuit ses études à HEC Abidjan, en Côte d’Ivoire, où il obtient en 2002 une maîtrise en ingénierie commerciale. Un parcours scolaire qui porte les marques laissées par les défis de son enfance : « Les épreuves de ma mère m’ont poussé à quitter la maison très tôt, à la recherche d’un avenir meilleur », explique-t-il.
« Les épreuves de ma mère m’ont poussé à quitter la maison très tôt, à la recherche d’un avenir meilleur »
À Abidjan, il choisit la voie des affaires, convaincu qu’en bâtissant sa propre entreprise, il pourrait un jour soulager la douleur de sa famille — et particulièrement celle de sa mère, qui a tout sacrifié pour ses sept enfants, « dont cinq sont morts faute de soins et de moyens ».
Elle rêvait pour lui d’une carrière d’avocat, défenseur des plus faibles ; il choisira l’entrepreneuriat, avec l’espoir de défendre autrement : en créant de nouvelles voies d’émancipation économique pour les siens et pour son continent. Son ambition, dès lors, est claire : « leur offrir la paix, la dignité et ramener de la lumière dans l’obscurité ».
L’Émergence d’Un Homme d’Affaires International
De retour au Bénin à la fin de ses études, le jeune diplômé fonde, au début des années 2000, Ouorou Négoces et l’établissement Respublica, spécialisés dans la fourniture de matériel informatique aux institutions financières. Mais très vite, les réalités du terrain le rattrapent : « Mes rêves ont été brisés par la faillite », raconte-t-il. « La seule option qui s’offrait à moi était celle que beaucoup de jeunes empruntent : céder à la facilité du faux ou accepter un emploi qui ne répondait ni à mes aspirations ni à celles de ma famille ». Cette déroute, aussi douloureuse que fondatrice, le confronte à ses limites : « Ce moment d’abandon et de doute m’a obligé à me relever, encore et toujours ». Un nouveau souffle arrive alors d’une rencontre déterminante : celle d’Omontola, une femme canadienne qui deviendra son épouse. « Un rayon de lumière est entré dans ma vie. Omontola m’a invité à voir le monde différemment. Elle m’a encouragé à partir, à explorer d’autres horizons, à bâtir une nouvelle vision de l’avenir ».
En 2007, l’homme d’affaires en devenir s’installe au Canada où il approfondit sa spécialisation en finance à HEC Montréal, puis en sciences politiques à l’Université de Montréal, mû par l’ambition d’évoluer dans les cercles économiques globaux sans jamais rompre son ancrage africain. « En terre étrangère, j’ai d’abord cherché à comprendre, à m’adapter. L’expertise de mon épouse en sciences sociales m’a grandement guidé. » En réponse à une crise structurelle des services de garde au Canada, il développe ainsi en 2009 un réseau de garderies, Canada Inc, dont le chiffre d’affaires atteint 870 000 dollars canadiens par an (environ 556 000 euros), avant de fonder en 2012 un cabinet de développement économique, Quebec Inc, qui mobilise 2,3 millions de dollars (2 millions d’euros) dès sa deuxième année d’activité selon les données communiquées par l’entrepreneur.
Fort de ces premières réussites, le stratège africain rejoint en 2016 PeakPartners, un groupe suisse spécialisé dans la gestion d’actifs et le conseil financier, où il devient associé en 2018. Il y déploie aujourd’hui son expertise en gestion privée tout en structurant une stratégie d’investissement transcontinentale tournée vers l’Afrique. Frédéric Rosset, CEO de Peak Partners, le décrit en ces mots : « Un partenaire très déterminé, en qui on peut avoir toute confiance. Résilient, car il ne lâche rien avant d’avoir tout tenté pour atteindre ses objectifs. Cultivé, car il lit beaucoup et est curieux de tout. Ambitieux mais altruiste, car son succès doit se faire pour le bien des autres et non à leurs dépens. »
Porté par cette reconnaissance, Richard Boni Ouorou n’oublie jamais l’essentiel : l’Afrique reste le cœur battant de son projet.
Le Bénin Comme Point d’Ancrage
« Mon retour au Bénin en 2024, après huit années passées à l’étranger, s’inscrit dans une volonté profonde de contribuer activement à l’essor économique et démocratique de mon pays. Ces dernières années, le Bénin a connu une accélération qualitative notable dans plusieurs secteurs, notamment grâce à des réformes structurelles d’envergure. La réussite du dernier road show, qui a permis de mobiliser plus d’un milliard de dollars en moins de douze heures, en est une illustration forte. Mais ces avancées restent fragiles, freinées par des dérives récurrentes en matière de gouvernance. En Afrique, la parole publique se réduit trop souvent à des querelles électorales stériles, éclipsant les véritables enjeux du développement. J’ai compris que pour transformer notre continent, il faut d’abord transformer nos discours, nos mentalités. »
C’est donc avec « un esprit de responsabilité » que le chef d’entreprise opère ce come-back en 2024, mû par une mission : structurer l’économie locale. « Inspiré par l’histoire entrepreneuriale de ma mère, je me suis orienté vers le développement rural et agricole. » Richard Boni lance alors un cabinet de développement économique et agricole, à la tête d’un fonds de 6 millions de dollars US (5,2 millions d’euros), destiné à financer des projets agroalimentaires au Bénin, mais également au Togo et au Sénégal.
« Mon retour au Bénin en 2024, après huit années passées à l’étranger, s’inscrit dans une volonté profonde de contribuer activement à l’essor économique et démocratique de mon pays. »
À travers Terra-Ouorou Akiyo SARL, l’investisseur engagé exploite aujourd’hui plus de 1 000 hectares de terres agricoles à Djougou, développe un hôtel 4 étoiles en cours de construction, et pilote une chaîne de boulangeries pour répondre aux pénuries alimentaires accentuées par la crise sanitaire mondiale. Chaque projet est pensé comme un levier de croissance locale et de création d’emplois : plus de 100 postes sont générés chaque jour.
Une Vision Sociale Pour les Zones Rurales
Mais pour cet entrepreneur engagé, soutenir la croissance économique ne suffit pas : il faut aussi agir sur les besoins essentiels des populations rurales, là où les défis restent les plus criants. « Immédiatement après mon retour au Bénin en janvier 2024, j’ai entrepris une tournée nationale afin d’évaluer directement les problèmes de mes concitoyens et de formuler des actions concrètes. » À travers sa Fondation Terrien-ne, il agit sur des priorités vitales : éducation, énergie, eau, et entrepreneuriat. Entre 2018 et 2025, plusieurs écoles ont été construites ou équipées, et six autres sont en cours de finalisation.
Dans le même temps, 500 lampadaires solaires ont été installés dans les villages, comme il aime à le rappeler. « Cela permet aux apprenants de se retrouver après l’école pour profiter de la lumière et réviser leurs cours. » Des chargeurs solaires sont déployés, facilitant l’accès à l’information et à la communication dans les zones reculées. Parallèlement, des forages ont sont réalisés dans des régions exposées à une forte tension hydrique : « Ces installations ont permis de réduire, dans certaines zones, les conflits entre éleveurs et agriculteurs… Des conflits qui finissaient parfois dans le sang. » Au-delà des infrastructures, ces projets génèrent des emplois locaux dans la maintenance, l’entretien et les services associés, consolidant l’autonomisation économique des communautés. « Il ne s’agit pas seulement d’apporter des infrastructures, souligne-t-il, mais de créer un environnement propice à l’autonomie et au développement durable. »
Multiplier les Leviers d’Impact Économique
Dans sa vision de bâtisseur, l’entrepreneur béninois ne limite pas son action à l’agriculture. Convaincu que le développement passe aussi par la culture, l’intelligence économique et la diversification sectorielle, il multiplie les initiatives à fort potentiel sur plusieurs fronts.
Il poursuit ses activités industrielles avec Nanti International SARL, fondée en 2022 et implantée à Lomé, au Togo qui évolue sur deux axes : la transformation d’huile industrielle et la gestion de stations-service. En 2024, lors d’une rencontre à Paris, il perçoit une opportunité dans le secteur de la distribution audiovisuelle, encore sous-exploité en Afrique francophone. Aux côtés de la porteuse de projet Marvine Oumeyouti, il devient l’investisseur principal de Yema Distribution, une jeune entreprise dédiée à la distribution de contenus cinématographiques en Afrique francophone. L’objectif est clair : capter une part significative d’un marché en pleine expansion, et valoriser les productions africaines à l’international.
Dans le même élan, conscient du déficit de transparence économique qui freine l’attractivité du continent, il fonde Blue Partners en 2025. Basée sur plusieurs continents – Amérique, Europe, Afrique – l’entreprise structure une offre de «collecte, d’analyse et de valorisation de données économiques », destinée aux marchés financiers internationaux.
À travers cette mosaïque de projets, Richard Boni Ouorou poursuit une seule et même ambition : créer de la valeur locale, durable et structurante pour l’Afrique. « Je crois que l’entrepreneuriat africain doit être au service d’une transformation profonde de nos sociétés, et non de la simple reproduction de modèles importés. Nous devons bâtir un avenir à notre image, enraciné dans nos réalités et ouvert sur le monde. »
« Je crois que l’entrepreneuriat africain doit être au service d’une transformation profonde de nos sociétés, et non de la simple reproduction de modèles importés. Nous devons bâtir un avenir à notre image, enraciné dans nos réalités et ouvert sur le monde. »
Un Leader Discret Mais Stratégique
Travailler pour l’ancien Premier ministre Justin Trudeau au Canada est un privilège réservé à peu de personnes. Richard Boni Ouorou affirme avoir fait partie de son équipe de soutien politique. Rares sont ceux qui, dans le même élan, peuvent revendiquer la publication de trois ouvrages dont Projet pour un Bénin démocratique, « salué par Le Monde diplomatique ». Richard Boni Ouorou souhaite incarne cette approche où l’action compte plus que les discours. « Ce qui fait la différence, ce ne sont pas seulement les idées, c’est la capacité à les appliquer, sur le terrain », aime-t-il rappeler. Son parcours est la preuve que cette vision n’est pas une utopie, mais une trajectoire possible. Une trajectoire qu’il continue de tracer, entre continents, convictions et construction.
« Ce qui fait la différence, ce ne sont pas seulement les idées, c’est la capacité à les appliquer, sur le terrain »
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