Publié le 6 mai 2025
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Alors que la ville de Port-Soudan, sous le contrôle des forces gouvernementales depuis le début de la guerre au Soudan, il y a deux ans, avait jusque-là été épargnée, elle est désormais la cible des Forces de soutien rapide (FSR). Depuis trois jours, cette localité de l’est du pays, située à des centaines de kilomètres de Khartoum, est en proie à des explosions liées à des attaques de drones. Aucune victime n’a encore été signalée.
• Une station électrique et une base militaire visées
Ce mardi 6 mai à l’aube, de fortes explosions ont été entendues à Port-Soudan, rapporte un journaliste de l’AFP. Des images de l’agence montrent un épais nuage de fumée noire s’élever depuis la direction du port. Des explosions ont notamment été signalées dans un dépôt de carburant. Mais c’est surtout la principale sous-station électrique de la ville qui a été touchée par des drones, a indiqué la compagnie nationale d’électricité.
En conséquence, le siège provisoire du gouvernement soudanais a été totalement privé de courant. D’après le communiqué de la compagnie, des équipes ont été déployées sur le site pour évaluer les dégâts. Une source au sein de l’armée a affirmé qu’un autre drone avait également frappé ce mardi la principale base militaire locale, située dans le centre-ville.
• Le principal dépôt pétrolier du Soudan touché
Le jour précédent, une attaque de drone avait déjà mis le feu au principal dépôt pétrolier du pays. « L’explosion survenue ce soir est due à l’embrasement de l’un des réservoirs, provoqué par la propagation de l’incendie », avait précisé un responsable gouvernemental, sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, le gouvernement avait réagi en demandant l’aide de l’Arabie saoudite pour l’envoi d’un avion de lutte contre les incendies.
En réaction, de nombreux automobilistes se sont précipités pour faire le plein de carburant, par crainte de pénuries. Des files d’attente se sont formées sur plus d’un kilomètre aux abords des rares stations-service encore ouvertes à Port-Soudan.

• L’aéroport suspend son trafic
À l’aéroport de Port-Soudan, les vols ont été interrompus ce mardi matin après une frappe de drone, a assuré un représentant de l’aéroport international, le seul encore opérationnel dans le pays. « Le drone visait la partie civile de l’aéroport », a-t-il précisé. Un voyageur a raconté à l’AFP que « des feux se sont déclarés dans de nombreux bâtiments ».
D’après une source de l’armée, la frappe avait aussi touché « des dépôts de carburant à l’aéroport ». La partie militaire avait déjà été visée dimanche par une autre attaque de drone. L’armée a accusé les FSR. Ces derniers n’ont pas revendiqué ces attaques.
• L’ONU parle de « développement inquiétant »
Les nouvelles attaques contre Port-Soudan représentent un « développement inquiétant qui menace la protection des civils et les opérations humanitaires dans une zone jusqu’à présent épargnée », a réagi lundi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Lieu de transit de l’aide humanitaire, la ville sert de refuge à des centaines de milliers de déplacés. Pour les Nations unies, le conflit au Soudan constitue actuellement « la pire catastrophe humanitaire » au monde.
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Le gouvernement soudanais accuse les Émirats arabes unis de soutenir les paramilitaires dans ce conflit en leur fournissant des armes, notamment des drones. Abou Dhabi continue à récuser ces affirmations. Khartoum avait porté plainte devant la Cour internationale de justice contre le pays du Golfe pour complicité de génocide, mais la Cour s’est déclarée lundi « manifestement incompétente » pour statuer.
(Avec AFP)