Dans un contexte marqué par une recrudescence des attaques terroristes contre les forces de sécurité dans le nord du Bénin, Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement et secrétaire général adjoint, était l’invité de l’émission Question d’actualité, diffusée mercredi 30 avril sur l’ORTB et Canal 3. Face aux préoccupations croissantes de l’opinion publique, il a apporté des réponses précises sur les événements récents, la posture du gouvernement, ainsi que les mesures mises en œuvre en soutien aux familles endeuillées.
Dès l’ouverture de l’entretien, Wilfried Léandre Houngbédji a exprimé la compassion de l’exécutif à l’endroit des familles des militaires tombés. « Quand un seul de nos soldats vient à tomber, c’est toute la nation qui est en deuil », a-t-il déclaré, insistant sur la reconnaissance de l’État envers ces hommes engagés pour la défense de la patrie.
Concernant le silence perçu du gouvernement et de l’état-major après les attaques, le porte-parole a rappelé les réalités opérationnelles. « L’armée doit d’abord ratisser, s’assurer des pertes réelles, des blessés, des survivants. On ne peut pas annoncer des chiffres sans certitude. » Il a également dénoncé la diffusion précipitée d’informations non vérifiées sur les réseaux sociaux, accusant certains citoyens de relayer la propagande des groupes armés.
Sur les chiffres circulant après la dernière attaque, M. Houngbédji a tenu à rectifier : « Ce ne sont pas 70 morts, mais 54. Et j’espère qu’on n’aura plus jamais à vivre une telle perte. » Il a expliqué que ces chiffres exagérés s’inscrivent dans une stratégie de déstabilisation et de démoralisation de la population, orchestrée notamment par des groupes terroristes organisés, disposant selon lui de « services de presse ».
À la question de savoir si ces attaques résultent d’une faille dans le dispositif militaire, le porte-parole a nié toute défaillance majeure. Il a souligné que l’État met les moyens nécessaires à disposition : recrutement, équipement, moral des troupes. Toutefois, a-t-il précisé, « nous sommes face à une guerre asymétrique, où l’ennemi frappe sans prévenir, en terrain difficile, souvent la brousse ».
Interrogé sur l’absence de deuil national ou de mise en berne des drapeaux, il a apporté une justification stratégique : « Si nous faisons cela à chaque fois, nous faisons le jeu de l’ennemi. Cela entretient la psychose. » Il a cité l’exemple d’autres pays du Sahel, qui ont cessé de telles pratiques en raison de leur effet contre-productif. Néanmoins, M. Houngbédji a rappelé l’existence de l’obélisque du dévouement, dédié à la mémoire des soldats morts, et a laissé entendre qu’un monument plus spécifique pourrait être envisagé lorsque le pays aura définitivement vaincu le terrorisme.
Quant aux actions concrètes en faveur des familles, il a précisé : « Il y a une indemnité systématique versée. Les enfants des soldats bénéficient d’une prise en charge scolaire et sanitaire jusqu’à 21 ans. » Chaque famille reçoit également un courrier officiel du ministère de la Défense, signe de reconnaissance de la Nation. Wilfried Léandre Houngbédji a invité les Béninois à la vigilance et à la responsabilité dans le traitement de l’information : « Ce n’est pas un manque d’empathie. C’est une posture de responsabilité. » Et de réaffirmer l’engagement du gouvernement à ne pas céder à la terreur.