Le Maroc veut redonner des couleurs à ses oranges. En difficulté sur les marchés internationaux depuis plusieurs campagnes, la filière agrumicole marocaine s’apprête à bénéficier d’un nouveau levier d’appui. Le gouvernement vient d’activer un dispositif inédit d’aide à l’exportation qui ambitionne de repositionner les producteurs du royaume dans la course mondiale aux parts de marché.
Quelle est la mesure phare de ce plan ? Il s’agit d’une prime forfaitaire de 1 000 dirhams par tonne exportée vers des destinations stratégiques, dont l’Union européenne, le Royaume-Uni, ainsi qu’un certain nombre de pays africains. Cette incitation directe à l’export vise à alléger la pression sur une industrie fragilisée par la concurrence accrue, la volatilité des prix et des épisodes climatiques de plus en plus imprévisibles.
Ce choix politique n’est pas anodin. Le Maroc, autrefois classé au 7ᵉ rang mondial des exportateurs d’oranges, a glissé à la 10ᵉ place ces dernières années. Dans le même temps, des poids lourds comme l’Égypte et l’Afrique du Sud, déjà en tête du classement continental, continuent de consolider leur avance grâce à des stratégies d’investissement et des réseaux logistiques mieux huilés.
Avec ce coup de pouce financier, les autorités marocaines espèrent créer un électrochoc positif. L’objectif est de stimuler la compétitivité des opérateurs en réduisant les coûts à l’export, et réaffirmer la place du royaume sur un marché international où les marges se font de plus en plus minces. En ligne de mire : la diversification des débouchés, l’amélioration de la qualité et l’intensification des volumes expédiés vers des marchés cibles où la demande reste forte.
Ce soutien intervient aussi dans un contexte plus large où Rabat cherche à moderniser l’ensemble de son appareil agricole. L’orange devient ainsi l’un des emblèmes d’une stratégie agricole qui ne veut plus seulement produire, mais vendre mieux, plus loin et de manière durable. Reste désormais à voir si cette prime export aura l’effet escompté. Pour les producteurs, l’initiative est accueillie avec prudence, mais espoir. Nombre d’entre eux appellent également à des mesures complémentaires sur le stockage, l’irrigation et l’accès à des marchés émergents, en particulier en Asie et au Moyen-Orient.