Le cuivre est devenu un pilier discret mais essentiel de la transition énergétique. Présent dans les réseaux électriques, les éoliennes, les véhicules électriques et surtout dans les batteries lithium-ion, ce métal rouge est prisé pour ses propriétés de conduction et de durabilité. L’explosion de la demande, stimulée par les politiques de décarbonation et l’essor des technologies vertes, pousse les pays dotés de réserves à intensifier leur exploitation. Dans ce contexte, le Maroc confirme sa place stratégique en Afrique, en s’imposant comme le troisième producteur continental, derrière la République démocratique du Congo et la Zambie.
Le trio de tête africain
En 2024, la République démocratique du Congo (RDC) a exporté 3,1 millions de tonnes de cuivre, consolidant sa position de premier producteur africain et de deuxième mondial. Cette performance repose sur des sites majeurs tels que Kamoa-Kakula, qui a livré 437 061 tonnes cette année-là, et les mines de Tenke Fungurume et Kisanfu, gérées par CMOC, avec une production combinée de 650 161 tonnes.
La Zambie, deuxième producteur du continent, a atteint 820 670 tonnes de cuivre en 2024, soit une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente. Cette progression est attribuée à la relance de mines clés telles que Lumwana, Konkola et Mopani, ainsi qu’à des investissements visant à moderniser les infrastructures minières.
Le Maroc, quant à lui, a produit 92 612 tonnes de concentré de cuivre en 2023. Cette production est principalement assurée par le groupe Managem, qui exploite plusieurs sites à travers le pays. L’ouverture prochaine de la mine de Tizert, prévue pour juillet 2025, devrait permettre de doubler la production nationale, renforçant ainsi la position du Maroc sur le marché africain du cuivre.
RDC et Zambie : des trajectoires contrastées
La RDC a connu une croissance rapide de sa production de cuivre au cours des dernières années, grâce à des investissements étrangers massifs et à la mise en exploitation de nouveaux gisements. Cependant, le pays fait face à des défis majeurs, notamment des infrastructures insuffisantes, des problèmes de gouvernance et des préoccupations liées aux droits de l’homme dans les zones minières.
La Zambie, en revanche, mise sur une stratégie de diversification et de modernisation de son secteur minier. Le gouvernement a lancé des initiatives pour attirer les investissements, améliorer la transparence et augmenter la part de la valeur ajoutée locale. Des partenariats avec des entreprises internationales et des réformes fiscales visent à stimuler la production et à atteindre un objectif ambitieux de 3 millions de tonnes de cuivre par an d’ici 2031.
Le Maroc : un acteur en pleine ascension
Le Maroc, bien que produisant moins de cuivre que ses homologues africains, se distingue par sa volonté de développer une industrie minière moderne et durable. La mine de Tizert, entièrement automatisée et numérisée, représente un exemple de cette approche innovante. En intégrant des technologies avancées telles que le forage automatisé et la surveillance en temps réel, le Maroc cherche à optimiser l’efficacité de ses opérations minières.
Par ailleurs, le pays ambitionne de devenir un hub régional pour les industries liées à la transition énergétique. La disponibilité locale de métaux stratégiques, combinée à une stratégie industrielle proactive, pourrait attirer des investissements dans la fabrication de batteries et d’autres technologies vertes, renforçant ainsi la position du Maroc sur la scène africaine et mondiale.
En somme, la dynamique actuelle du marché du cuivre en Afrique reflète des stratégies nationales variées, allant de l’exploitation intensive des ressources à la modernisation des infrastructures et à la diversification économique. Le Maroc, en particulier, illustre comment une approche axée sur l’innovation et la durabilité peut positionner un pays comme un acteur clé dans le secteur minier du continent.