Depuis plusieurs années, Elon Musk alerte sur ce qu’il considère comme une menace bien plus sérieuse que le changement climatique : l’effondrement démographique. Pour le milliardaire, la chute continue des taux de natalité en Occident, mais aussi dans des pays asiatiques comme le Japon et la Corée du Sud, pourrait mener à un déclin irréversible des civilisations. Il ne se contente pas de commentaires alarmistes sur X (anciennement Twitter), il a plusieurs fois répété que « si les gens n’ont pas plus d’enfants, la civilisation va s’effondrer, rappelez-vous mes mots ». Musk, père de onze enfants, incarne une vision pro-nataliste qui va bien au-delà du discours : il encourage ouvertement les naissances, y voyant un devoir presque civilisationnel. Cette position, marginale il y a encore quelques années, trouve aujourd’hui un écho inattendu dans les cercles politiques conservateurs américains — notamment dans le camp de Donald Trump.
Une convergence inattendue entre tech et politique
Les récentes propositions de Trump en matière de politique démographique résonnent étrangement avec les idées du patron de Tesla. Alors que le taux de natalité américain est tombé à 1,6 enfant par femme, bien en dessous du seuil de remplacement de 2,1, Trump fait de la relance des naissances une priorité. Ce virage s’appuie sur une stratégie claire : repeupler les États-Unis en stimulant la fécondité, en particulier chez les Américains déjà installés. Pour y parvenir, plusieurs mesures sont sur la table : baisse du coût des traitements liés à la fertilité, comme la fécondation in vitro, distribution de médailles de la maternité et même une prime de 5 000 dollars par naissance.
Ce n’est pas la première fois que la politique s’inspire du secteur technologique, mais dans ce cas, il ne s’agit pas d’innovation ou d’intelligence artificielle. Il s’agit d’une vision culturelle et démographique, partagée entre une figure de la Silicon Valley et un leader populiste. Là où Musk déplore une société où « beaucoup de gens choisissent volontairement de ne pas avoir d’enfants » à cause de pressions économiques ou idéologiques, Trump et ses alliés veulent renverser cette tendance en agissant financièrement sur le levier nataliste. La logique sous-jacente : assurer la survie et la croissance des États-Unis en régénérant sa population plutôt qu’en s’appuyant uniquement sur l’immigration.
Une idéologie conservatrice relayée par les géants de la tech
Le pro-natalisme, qui n’était autrefois qu’un discours marginal, est aujourd’hui revendiqué par certains acteurs influents, y compris dans la Silicon Valley. Derrière ce terme se cache une mouvance idéologique qui valorise activement la naissance d’enfants, souvent au nom de la tradition, de la survie culturelle ou d’une forme de réarmement civilisationnel. Elon Musk, bien qu’iconoclaste, contribue à cette dynamique. Ses prises de position inspirent et légitiment des politiques publiques, même si indirectement. Il donne au mouvement une aura futuriste, presque héroïque, là où d’autres y voient un retour au conservatisme d’antan.
La proposition de Donald Trump de récompenser les mères avec des primes financières ou des médailles, rappelle curieusement des politiques menées dans des régimes autoritaires au XXe siècle, mais elle puise aujourd’hui ses arguments dans la démographie et l’économie. Si les États-Unis se retrouvent aujourd’hui dans la moyenne des pays à revenu élevé, la dynamique de long terme inquiète. Une population vieillissante, une main-d’œuvre qui s’amenuise, une pression sur les systèmes de retraite : la baisse des naissances est désormais considérée comme une urgence stratégique.
Une réponse à une crise silencieuse
Derrière les polémiques habituelles autour de Trump ou les excentricités d’Elon Musk se cache un enjeu beaucoup plus fondamental. La natalité n’est plus un simple indicateur sociologique, c’est un paramètre crucial pour l’avenir d’un pays. À la manière d’un investisseur misant sur la croissance d’une entreprise, les États-Unis commencent à envisager la natalité comme une donnée à piloter, à encourager, voire à subventionner.
Cette convergence entre un entrepreneur visionnaire et un homme politique controversé illustre un changement profond dans la manière dont les élites envisagent l’avenir. L’idée n’est plus seulement de maintenir le cap, mais d’enrayer une dégringolade qui pourrait affecter le dynamisme économique, l’innovation, et même la puissance géopolitique américaine. Si l’on en croit Musk, c’est une course contre la montre. Et si l’on observe Trump, cette course pourrait se jouer à coups de décrets et de mesures financières dès la prochaine administration.
Elon Musk n’a peut-être pas rédigé le programme nataliste de Donald Trump, mais son influence s’y lit en filigrane. Là où certains voient un simple alignement d’intérêts, d’autres pourraient y discerner les prémices d’une alliance idéologique inédite entre pouvoir politique et utopie technologique. Une chose est sûre : dans ce domaine, Musk n’est plus seul à sonner l’alarme.