© Damien Glez
Publié le 6 janvier 2024
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Les États africains ne rechignent pas toujours à investir de l’argent public dans des périples privés, notamment dans le domaine sportif. Il faut dire que, quand il s’agit de sport, les succès sont prisés par les gouvernants selon le principe Panem et circenses (« du pain et des jeux« ). Et, en ce mois de janvier généralement pourvoyeur de déprime, l’État algérien entend bien profiter des « jeux du cirque » qui se profilent en Côte d’Ivoire…
Moitié prix
C’est le 13 janvier prochain que débutera la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de football. Parmi les vingt-quatre équipes nationales masculines figure la sélection algérienne, qui remporta le trophée à l’avant-dernière édition. Au premier tour du tournoi, elle évoluera dans le groupe D, également composé de l’Angola, du Burkina Faso et de la Mauritanie. Vendredi 29 décembre, la liste des vingt-six joueurs algériens retenus a été dévoilée par le sélectionneur Djamel Belmadi.
Si le « douzième homme » que constitue le public d’un match est réputé déterminant pour la qualité de jeu, les supporters les plus enthousiastes ne sont pas toujours les plus argentés. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a donc « donné des directives en vue de prendre en charge 50 % des frais de déplacement en Côte d’Ivoire » des supporters, selon les propres termes de la Fédération algérienne de football (FAF).
La générosité s’entend « dans la limite des stocks disponibles », les titres de transports vendus à moitié prix ne devant pas dépasser le nombre de 2 000. Foire d’empoigne en prévision…
D’une compétition à l’autre
La décision du chef de l’État a été qualifiée, par la FAF, de « mesure traduisant la volonté de rapprocher les supporters de leur équipe durant ses matches » et de « louable initiative qui dénote son soutien permanent et indéfectible à la sélection nationale et aux supporters ». Dans le caractère flatteur de la formulation, certains observateurs politiques liront une complicité politicienne entre la présidence de l’État et celle de la fédération, en cette année où devrait se tenir une autre compétition, un scrutin présidentiel.
Abdelmadjid Tebboune n’a pas encore dit s’il sera ou non candidat à sa propre succession. Mais une victoire sportive des Fennecs à la CAN pourrait créer une vague d’émotion favorable à un rassemblement populaire autour des dirigeants du moment. Les supporters sont aussi des électeurs potentiels…