Depuis des siècles, les relations entre le Maghreb et le monde arabe reposent sur un socle d’histoire commune, de culture partagée et de liens économiques stratégiques. Ces connexions, tissées à travers les flux commerciaux, les alliances politiques et la coopération religieuse, ont façonné un espace d’échanges intensifiés, surtout depuis la seconde moitié du XXe siècle. L’appartenance commune à la Ligue arabe et le partage d’intérêts géopolitiques ont favorisé l’émergence de partenariats économiques renforcés, avec en toile de fond des enjeux d’énergie, d’agriculture et d’infrastructures. Aujourd’hui, cet héritage se traduit par une volonté renouvelée de renforcer les investissements croisés, en particulier face aux mutations économiques mondiales.
L’Algérie, nouveau carrefour de l’investissement arabe
Dans cette dynamique historique, l’Algérie multiplie les initiatives pour redevenir une terre attractive aux yeux de ses partenaires arabes. Les autorités ont récemment déployé un arsenal de mesures incitatives dans des secteurs clés tels que l’agriculture, les énergies renouvelables, l’industrie et les infrastructures. L’objectif est clair : attirer de nouveaux capitaux et diversifier une économie longtemps dépendante des hydrocarbures.
La récente venue d’une délégation saoudienne illustre cette ambition. Le 21 avril, des représentants saoudiens, accompagnés par l’ambassadeur Abdallah Ben Nacer Al Boussayri, ont rencontré Omar Rekache, directeur général de l’Agence algérienne de promotion des investissements. Ces discussions ont révélé un intérêt marqué pour des secteurs aussi variés que le tourisme, les services d’ingénierie ou encore les projets immobiliers, témoignant d’une approche multidimensionnelle des investisseurs du Golfe.
Cette effervescence saoudienne semble avoir ouvert la voie à d’autres initiatives. À peine quelques jours après cette visite, le Qatar, déjà implanté solidement dans l’économie algérienne, a intensifié ses échanges avec Alger.
Le Qatar accélère ses mouvements
Habitué des investissements structurants en Algérie, le Qatar ne compte pas rester en retrait face à l’appétit saoudien. Selon des sources diplomatiques, Doha et Alger s’activent pour organiser une visite officielle d’hommes d’affaires qataris dans les prochaines semaines. Cette opération est portée par la Chambre de commerce et d’industrie du Qatar, en collaboration étroite avec l’ambassade algérienne à Doha.
Lors d’une réunion récente, les deux parties ont esquissé des pistes concrètes pour renforcer les flux économiques entre leurs pays. Au-delà des discours protocolaires, ces entretiens confirment un intérêt réel du Qatar pour approfondir sa présence en Algérie, à un moment où les portes de certains secteurs stratégiques s’ouvrent davantage aux investisseurs étrangers.
En misant sur l’Algérie, le Qatar entend non seulement diversifier son portefeuille d’investissements, mais aussi consolider ses positions économiques au sein du Maghreb, région qu’il considère comme un relais essentiel dans un contexte international de plus en plus concurrentiel.
Vers une nouvelle cartographie économique maghrébine ?
L’intérêt croissant des pays du Conseil de coopération du Golfe pour l’Algérie révèle une recomposition en cours des relations économiques entre le Maghreb et le monde arabe. Là où, il y a quelques décennies, les échanges restaient modestes et concentrés, l’heure est désormais à une approche globale, visant à capter de nouvelles opportunités dans des secteurs porteurs.
Cette compétition amicale entre l’Arabie saoudite et le Qatar pour investir en Algérie peut être comparée à une course de relais où chaque pays tente d’apporter sa contribution pour bâtir un partenariat solide et durable. Mais derrière cet enthousiasme, se dessine aussi une volonté partagée : soutenir l’émergence économique du Maghreb tout en consolidant des alliances stratégiques face aux défis géopolitiques actuels.
Pour l’Algérie, cette dynamique représente une chance unique de capter des financements, de moderniser son appareil productif et de redéfinir sa place au sein des grandes routes commerciales arabes. Pour les pays du Golfe, il s’agit d’asseoir leur influence économique dans une région qui offre encore de vastes gisements de croissance.
À mesure que les discussions avancent, une nouvelle cartographie des investissements arabes au Maghreb pourrait émerger, avec l’Algérie comme l’une de ses pierres angulaires. Un scénario qui redonnerait toute sa vitalité aux liens ancestraux entre le Maghreb et le monde arabe.