L’Égypte entend redessiner les contours de son avenir économique en misant sur un pilier stratégique : la logistique portuaire. En témoigne le récent accord signé entre l’Autorité générale de la Zone économique du canal de Suez (SCZone) et le groupe émirati Abu Dhabi Ports. Un partenariat ambitieux qui pourrait bien transformer la côte est de Port-Saïd en un nouveau centre névralgique du commerce maritime régional.
À l’horizon, une plateforme industrielle et logistique de 20 kilomètres carrés, développée progressivement par le groupe d’Abu Dhabi. L’accord, scellé ce 4 mai 2025, court sur un demi-siècle, avec possibilité de renouvellement. Il illustre la volonté claire du Caire de renforcer l’attractivité de ses ports en attirant des investisseurs internationaux capables de porter des projets d’envergure.
La première étape de cette transformation s’annonce déjà décisive. Sur une surface de 2,8 kilomètres carrés, les travaux devraient démarrer d’ici la fin de l’année. Ce segment initial comprendra notamment la construction d’un quai de 1,5 kilomètre. L’infrastructure est pensée pour accueillir à terme un terminal polyvalent, capable de répondre à la montée en puissance des échanges commerciaux dans la région. Le coût prévisionnel du lancement de cette phase, incluant les études techniques et les premières opérations, s’élève à 120 millions de dollars.
Mais au-delà des chiffres, c’est toute une stratégie que l’Égypte met en œuvre. Située au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, la zone du canal de Suez est appelée à jouer un rôle croissant dans la logistique mondiale. Le partenariat avec Abu Dhabi Ports, déjà actif sur plusieurs marchés africains et asiatiques, apporte non seulement du capital, mais aussi un savoir-faire logistique éprouvé.
L’objectif affiché est double : faire de l’Égypte une plateforme de production et de réexportation, et inscrire ses ports dans les nouvelles routes commerciales qui redéfinissent les équilibres économiques mondiaux. En diversifiant les usages, l’État égyptien cherche à capter une part croissante du trafic maritime tout en stimulant l’investissement privé.
Ce projet s’inscrit par ailleurs dans une dynamique régionale où les alliances se font et se défont au gré des enjeux stratégiques. En s’associant à un acteur de poids comme Abu Dhabi Ports, Le Caire sécurise un partenariat de long terme avec un allié régional influent, tout en consolidant ses ambitions économiques.