Les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne augmentent de 5,2 % contre
16,4 % l’année dernière, estime la Banque mondiale. Le coût du transfert de fonds pour la région demeure le plus élevé au monde.
Les remises migratoires vers l’Afrique subsaharienne atteindraient 53 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 5,2 % des transactions contre 16,4 % l’année dernière, d’après la dernière édition de la Note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement (Focus spécial : Migration climatique, Novembre 2022). En 2023, indique le document, les flux devraient encore ralentir à 3,9 %, en raison de la persistance d’une conjoncture défavorable dans le monde et dans les pays sources de la région qui est la plus exposée aux effets de la crise mondiale. Les résultats des transferts de fonds dépendront de l’équilibre entre les besoins croissants de soutien de la main-d’œuvre africaine à l’étranger et la disponibilité des revenus dans les pays d’accueil.
Le Nigeria, le Ghana et le Kenya sont les plus grands destinataires des envois de fonds dans la région. Le rapport souligne, cependant, que la part des envois de fonds dans le produit intérieur brut (Pib) est plus importante en Gambie (28 %), au Lesotho
(21 %), aux Comores (20 %) et au Cap-Vert qui sont plus dépendants des recettes.
Globalement, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire sont estimés à 626 milliards de dollars, soit une augmentation de 5 % par rapport à l’année dernière. Il est ainsi noté une résistance aux turbulences mondiales en 2022 mais qui constitue, toutefois, un net recul par rapport à la hausse de 10,2 %
Ces envois de fonds des migrants permettent aux ménages de financer des produits essentiels : nourriture, santé et éducation dans leurs pays d’origine. « Les migrants contribuent à desserrer des marchés du travail tendus dans les pays d’accueil tout en soutenant leurs familles grâce aux transferts de fonds », souligne Michal Rutkowski, directeur mondial Protection sociale et Emploi à la Banque mondiale, cité dans un communiqué de presse de la Banque mondiale en date du 30 novembre dernier. Il soutient que des politiques de protection sociale inclusives ont aidé les travailleurs à parer aux aléas des revenus et de l’emploi engendrés par la pandémie de Covid-19 et plaide pour qu’elles soient maintenues au regard de leurs effets positifs sur les remises migratoires.
Tarif toujours élevé
Les tarifs d’envoi de 200 dollars vers les pays à revenu faible et intermédiaire demeurent élevés, à 6 % en moyenne au deuxième trimestre 2022, selon la Banque mondiale. Et, c’est encore plus cher de passer par les banques que par les opérateurs mobiles (3,5 %) qui représentent moins de 1 % du volume total des transactions.
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus chère pour envoyer de l’argent. Les expéditeurs ont dû payer 7,8 % pour envoyer 200 dollars vers les pays africains au cours du deuxième trimestre 2022. Les coûts des transferts d’argent varient en moyenne de 3,4 % à 25,2 %.
Les coûts des envois de fonds intra-régionaux sont encore plus élevés en raison des faibles quantités de flux formels et de l’utilisation des taux de change du marché noir. Par exemple, l’envoi de 200 dollars depuis la Tanzanie vers l’Ouganda voisin aurait coûté 35,2 % au migrant au deuxième trimestre de 2022.
Les services numériques peuvent permettre de réduire considérablement le coût des services de transfert d’argent et les délais de traitement, en dépit du poids de la réglementation relative à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme qui entrave le transfert de fonds. Pour ce faire, « Il est essentiel de permettre aux migrants et aux opérateurs de transferts de fonds d’accéder à des comptes bancaires », a préconisé Dilip Ratha, chef du Partenariat mondial pour les connaissances sur les migrations et le développement (programme Knomad) et auteur principal de la Note?

Sources : Knomad/Banque mondiale ; Indicateurs du développement mondial ; Statistiques de
la balance des paiements du FMI.
NB : FDI = Investissement direct étranger ; ODA = Aide publique au développement ; e = estimation ; f = prévision