*Pendant ce temps, Talon déroule son agenda
*Yayi et Soglo, des regrets ?
Avec les derniers développements de l’actualité au Bénin, notamment en ce qui concerne les législatives du 8 janvier 2023 et les injonctions de l’Onu qui demande la libération sans condition de Réckya Madougou, ancienne ministre et opposante au pouvoir de Cotonou, le fait est constatable dans l’opinion. A certains points de regroupement : kiosques de vente de journaux, places publiques, et sur les réseaux sociaux, le ton monte dans les discussions et on peut aisément noter des poches de crispation ici et là.
Suivant le calendrier électoral, plus que 24heures et les 72 heures accordées aux partis politiques pour compléter les pièces manquantes aux dossiers de candidatures déposés, sera à expiration. Des partis politiques qui ont reçu les observations de la Commission électorale nationale autonomes (Cena), ceux soutenant les actions du gouvernement ont pu régulariser aussitôt leur situation que ça soit le Br, l’Up-R, le Moele Bénin. La Fcbe, parti d’opposition contesté, a pu aussi se mettre au pas. En attendant la validation définitive des listes devant participer à l’élection du 8 janvier prochain, le parti de l’opposition qui focalise les attentions est celui dont l’ancien président Yayi Boni en est jusque-là le président d’honneur. S’il est vrai que presque tous les partis politiques ayant déposé les dossiers à la Céna ont posé le problème de quitus fiscal, c’est-à-dire la difficulté à l’obtenir auprès de la Direction des impôts, il est une évidence que le cas des Démocrates est atypique. Trois candidats n’ont pas pu entrer en possession du sésame. Le montant total d’impôt à eux chiffré est renversant. Il tutoie le milliard de FCfa. Le comble, le parti ne peut plus les remplacer sur la liste. La loi l’interdit sauf en cas de décès. Ça crie à l’exclusion déjà, en dépit des justifications du côté des partis du pouvoir qui soutiennent qu’ils ont su contourner cette difficulté en procédant, avant dépôt des dossiers à la Céna, au remplacement de leurs potentiels candidats qui seraient empêtrés dans cette affaire de fisc. Aucune issue pour les Démocrates jusqu’à l’heure où nous mettions sous presse. Certains candidats sur la liste de ce parti ont même adressé des lettres ouvertes au chef de l’Etat en vue d’une élection inclusive et sans heurts. En tout cas, si rien n’est fait jusqu’à demain mardi, le parti Les Démocrates risque d’être à nouveau écarté de la course. Ne tendons-nous pas vers de nouvelles crises électorales alors que celle née de la présidentielle, il y a quelques mois seulement, n’est pas encore totalement réglée ?
Parallèlement, le sujet relatif au rapport du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies (Gtda) déchaîne aussi les passions. En effet, la libération immédiate et sans condition de l’ancienne ministre Reckya Madougou, candidate recalée de l’opposition à la présidentielle de 2021 ravive les débats sur la crise électorale. Depuis au moins cinq jours, les médias en parlent dans tous les sens. Dans l’opinion, les idées s’entrechoquent. D’aucuns n’hésitent pas à mêler à ces différentes actualités les noms des anciens présidents Yayi Boni et Nicéphore Soglo qui, par deux fois au moins, avaient échangé avec Patrice Talon sur la libération des détenus politiques dont les plus en vue sont Reckya Madougou et Joel Aivo, lui aussi candidat recalé de la présidentielle, condamnés à 20 ans et 10 ans de prison. « Il n’y a pas de problèmes profonds entre Patrice Talon et moi. Pour parvenir, j’ai demandé au président, qui m’a écouté, la libération des détenus politiques et d’opinion. », a déclaré Yayi Boni en septembre 2021 au sortir du tête-à-tête avec son successeur Patrice Talon. Il a même demandé aussi le retour des exilés politiques même si, pour finir, il déclare : « J’ai demandé, mais c’est le président Talon qui décide. ». S’expliquant quant à lui, en août 2022, sur ses apparitions rapprochées aux côtés de Patrice Talon, l’ancien Chef de l’Etat béninois, Nicéphore Soglo a déclaré avoir posé ses conditions à l’actuel président avant de descendre de Paris (France) pour venir assister à la fête nationale du 1er août. Pour le Vice-Président du Forum des Anciens Chefs d’Etats et de Gouvernements d’Afrique, Nicéphore Soglo, le président Talon lui a promis en retour la décrispation, la libération de tous ceux qui sont en prison et le retour de ceux qui sont en exil. Les jours passèrent, certains détenus ont été effectivement libérés. Mais les deux figures de proue sont toujours gardées en prison. Aucun exilé n’est non plus revenu au bercail. Entre temps, le Parlement à travers le vote d’une loi a donné la possibilité au chef de l’Etat de mettre provisoirement en liberté des détenus si ces derniers formulent la demande… Le Gtda/Onu, lui, est ferme sur une mise en liberté sans condition. De leur position, Nicéphore Soglo et Yayi Boni peuvent-ils faire entendre raison à Patrice Talon ? Autrement dit, avec la nomination de Yayi Boni comme médiateur de la Cedeao dans la crise guinéenne, n’est-il pas isolé de la chose politique à l’interne et Patrice Talon désormais en roue libre ? A cette allure, vu le tournant électoral que le Bénin veut négocier, ajouté au dossier Madougou et Aivo aux issues incertaines, Yayi Boni et Nicéphore Soglo, n’ont-ils pas à regretter leurs apparitions aux côtés du président Talon qui fait durer le suspense ?
Mike M.