Les pays africains seront davantage touchés par la pénurie d’eau du fait des changements climatiques. Des experts voient la solution dans une planification bien structurée et cordonnée.
« Il faut créer des villes éponges ». Professeur Boubacar Barry y tient. « La plupart de nos villes sont de gros villages avec des occupations anarchiques qui freinent l’écoulement de l’eau. On a besoin de créer des villes éponges. Les villes produisent beaucoup d’eaux qui constituent une richesse », a insisté ce membre du secrétariat exécutif du 9e Forum mondial de l’Eau lors de l’Atelier de Dakar sur les enjeux de l’eau, en août 2022. En se basant sur les projections d’ici 2050, l’expert note qu’une personne sur quatre est susceptible de vivre dans un pays touché par des pénuries chroniques ou récurrentes d’eau douce. Pendant ce temps,
90 % des catastrophes naturelles sont liées à l’eau notamment les inondations. En ligne de mire les changements climatiques, la forte urbanisation non planifiée et des canalisations de drainage insuffisantes et mal entretenues. On assiste donc à la réduction de la capacité des paysages d’absorber, de stocker, d’infiltrer et de retenir l’eau de pluie. « On fait face à des changements des états de surface. Le sol est censé absorber l’eau. Mais si je continue de construire sur le terrain des routes et des bâtiments, le taux de perméabilité se réduit. Naturellement, il faut créer des espaces qui interceptent et qui récupèrent. C’est si simple. Si vous allez en Afrique du Sud, on fait le maximum pour récupérer les eaux. Il faut aller dans ce sens», a-t-il indiqué. L’expert préconise donc comme préalables pour lutter contre les inondations, une planification intégrée, la gestion des eaux pluviales urbaines en tenant compte des changements climatiques et de l’urbanisation. Il insiste surtout sur l’initiative villes éponges. Hezekiah Pireh, expert à l’Organisation des Nations Unies pour l’Habitat va aussi dans le même sens, pour une meilleure qualité de vie dans un monde en voie d’urbanisation. A l’en croire, il faut désormais voir la ressource comme faisant partie du cycle complet de l’eau, dans un bassin versant. L’enjeu, dit-il, est de tenir compte des trois piliers de la durabilité que sont les piliers économique, environnemental et social. Puis, les décideurs doivent impliquer tous les acteurs et embrasser la participation des parties prenantes. « Il faut envisager une approche plus holistique de la gestion de l’eau et de l’assainissement qui va au-delà du seul secteur de l’eau – logement, énergie, agriculture, gestion des déchets, aménagement du territoire devraient être alliés pour contribuer à une utilisation optimale des ressources en eau. Les rôles et responsabilités institutionnels doivent être clairement définis, y compris les rôles des administrations centrales et municipales », a fait comprendre l’expert?