Les premiers samedis du mois sont désormais consacrés dans la ville de Cotonou aux campagnes de salubrité. L’initiative suscite de l’engouement même s’il n’y a pas encore une forte mobilisation dans tous les quartiers.
Vossa, un quartier de Cotonou situé sur les berges du Lac Nokoué veut tourner le dos à l’insalubrité. Tôt ce samedi 6 août 2022, une horde de jeunes et de femmes ont pris d’assaut certaines rues et l’esplanade de l’école primaire publique pour une campagne de salubrité. L’ambiance est chaleureuse. Même les femmes âgées tentent de désherber à la main. Comme un chef de troupe, le président de l’Association de développement des quartiers Vossa et Vossa Kpodji, Jude Salomon Houétchékpo, donne des consignes. « Nous sommes tout le temps sur le terrain. Dans la semaine, on fait au moins trois séances de balayage et de sarclage des lieux publics. Quand le cadre de vie n’est pas sain, les maladies s’installent et les dépenses inutiles surgissent. Voilà pourquoi à Vossa, nous disons non à l’insalubrité », confie-t-il. L’insalubrité et les inondations font partie des difficultés auxquelles Vossa est confronté. Ce n’est pas encore la crue, mais la devanture de certaines maisons est déjà boueuse et glissante. Les habitats construits en bambous soutenus par un pan de mur et des pneus sont parfois au milieu de touffes d’herbes. Des briques alignées l’une après l’autre permettent d’y d’accéder. Mais un seul faux pas, et ce support vous bascule dans l’eau malsaine. Ce samedi, les balais, houes et râteaux passent et repassent devant l’Epp Vossa. Les agents de la Société de gestion des déchets et de la salubrité (Sgds) sont aussi à l’œuvre et procèdent aussitôt au ramassage des ordures. Mais, il faudra du temps pour effacer ces traces d’insalubrité dont ce quartier porte des stigmates. «L’engouement est là. Même si ça va prendre du temps, nous savons que nous y parviendrons un jour », rassure Jude Salomon Houétchékpo.
Nouvelle donne à Cotonou
Mais il n’y a pas qu’à Vossa que cette campagne de salubrité a été organisée ce premier samedi d’août 2022. La même ferveur a été notée dans sept autres quartiers de la ville à des endroits stratégiques, comme l’actuel marché de Midombo, autour de l’Epp Vodjè Nord, aux alentours de l’Epp Cadjèhoun, ou encore sous les pylônes à Agla. La campagne est mensuelle dans les arrondissements et se déroule les premiers samedis du mois. «Le maire Luc Atrokpo a instauré ces campagnes de salubrité tous les premiers samedis du mois. Avant, nous le faisions les derniers samedis. Alors, avec cette décision, nous avons harmonisé. Chez nous, nous avions fait une programmation sur un an pour les six quartiers. Nous nous retrouvons pour rendre les rues propres. La Sgds nous aide à travers les tricycles, et d’autres équipements. Le défi pour nous est de sensibiliser les populations pour qu’elles se sentent surtout concernées. Nous demandons aux chefs de quartiers, à la veille, de mobiliser les résidents des zones concernées », précise Augustin Houéssinon, chef du 9e arrondissement de Cotonou. Fabrice Dégbey, superviseur Sgds dans le 10e arrondissement, pense aussi que les efforts doivent se poursuivre pour susciter davantage la participation des populations. « On vient en appui aux communautés dans l’assainissement de leurs quartiers suivant un planning précis. On n’a pas encore l’engouement dans tous les quartiers comme on l’aurait souhaité. C’est vrai qu’ici à Vossa, il y a de l’affluence à cause de l’association de développement qui est engagée. Mais dans les autres quartiers, ce n’est pas vraiment ça. Nous poursuivons donc les sensibilisations, surtout sur la gestion des déchets et la propreté au niveau des maisons», explique Fabrice Dégbey. La société civile suit de près cette nouvelle dynamique en cours à Cotonou et se réjouit du retour d’une ancienne pratique. «Cela me rappelle la campagne nationale de salubrité initiée et suivie sous le régime du Prpb. Nous sommes nostalgiques de cette époque. Souhaitons vivement que les populations, les élus locaux et les entreprises se réapproprient ces bonnes pratiques afin d’embellir et maintenir toujours propre notre cadre de vie », espère Patrice Sagbo, président de l’Ong Action pour le Développement durable. Pour cet activiste de la protection de l’Environnement, « agir ainsi, c’est garantir à soi-même une bonne santé, une longue vie ».