Le dernier communiqué de la Commission électorale nationale autonome (Cena) rappelant aux partis politiques les conditions retenues pour participer aux élections de janvier 2023 a mis définitivement fin aux rêves des derniers politiciens de l’opposition qui croyaient dur comme fer que les doléances versées au médiateur de la République allaient changer la donne. Le visage des élections législatives de 2023 se dévoilent petit à petit. Certains observateurs craignent qu’elles soient une répétition des législatives de 2019 puisque ce sont les mêmes lois qui servent de base au processus électoral La même loi électorale avec ses dispositions crisogènes est maintenue.
Les structures impliquées dans l’organisation des élections sont dirigées par des personnalités politiques désignées par le gouvernement ou les partis politiques qui se réclament de son obédience. Le juge électoral ne rassure toujours pas bien que son ex-président ait rendu le tablier. A cela, il faut ajouter les réserves de certains béninois concernant la liste électorale qui a été confectionnée par une structure administrative dont on connaît le degré de dépendance et d’allégeance au pouvoir central.
L’opposition flouée ?
Le médiateur de la République a, à plusieurs reprises, tenté de rassurer les uns et les autres. On l’a vu en mission de bons offices à Savè pour rencontrer les populations. On l’a vu échanger avec les responsables des partis politiques. Il a même organisé du 25 avril au 04 mai à l’hôtel Bel Azur de Grand Popo un atelier pour recueillir les doléances des partis politiques pour les prochaines élections. Au cours de cet atelier, les partis dans leur grande majorité ont souhaité qu’au nom de la paix, les dispositions de la loi électorale qui favorisent l’exclusion soient abrogées. Il s’agit de l’exclusion financière consacrée par une caution de 163,5 millions par liste électorale et un niveau requis de 10% des suffrages nationaux avant d’accéder au partage des sièges. Plusieurs ont aussi demandé la libération des « prisonniers politiques » et un dialogue national afin de ramener la paix et la quiétude dans le pays avant les élections. Le gouvernement n’a apporté aucune réponse à ces doléances. Or, le médiateur de la République avait promis rendre compte au chef de l’Etat qui l’a mandaté pour entamer ses pourparlers avec eux et affirmait qu’il ferait le plaidoyer afin que leurs propositions soient prises en compte. Le chef de l’Etat a conduit lui-même des pourparlers avec les anciens présidents de la République et les anciens Présidents de l’Assemblée Nationale. Ces échanges desquels rien n’a filtré ont été suivis de la libération d’une poignée de prisonniers mais malheureusement pas les influents. Beaucoup croyaient que cette dynamique sera poursuivie avec la libération de personnalités politiques majeures comme Reckya Madougou, Joel Aïvo et bien d’autres. Mais cela n’est finalement pas arrivé.
Le forcing
Pendant que le gouvernement montre des signaux de paix, la Cena, à travers un communiqué, a lancé les hostilités pour les élections législatives prochaines. Ce communiqué fait dire à des observateurs et certains opposants que les tentatives de dialogue ont échoué, ces derniers dénonçant un manque de transparence. Si élection inclusive il doit y avoir en janvier 2023, il ne sera possible que grâce à la volonté de certains partis politiques de l’opposition qui acceptent de prendre le risque d’aller à une compétition face à des partis de la majorité présidentielle bénéficiant de financement public dans un environnement favorable.