Les jeunes veulent aussi se faire entendre sur la crise climatique. Anas Seko a appelé à l’action lors de la Cop des villes en Côte d’Ivoire. A Paris, au siège de l’Unesco, Credo Gansou attire l’attention sur les menaces qui pèsent sur l’éducation du fait des catastrophes.
Fulbert ADJIMEHOSSOU
« Cette année j’ai 25 ans, d’ici 2030, j’aurai 33 ans. Et franchement, je n’ai pas envie de faire face à l’insécurité alimentaire, aux catastrophes naturelles, aux maladies infectieuses ou encore aux chaleurs extrêmes. Et pire encore, d’ici 2030, la fille de ma voisine qui vient de naître n’aura que 8 ans. Quel sort notre irresponsabilité réserve aux générations futures ? » Anas Seko interpellait ainsi les dirigeants mondiaux, le 30 juin 2022, lors de la première « Cop des villes ». Ce rendez-vous initié par l’Association internationale des maires francophones, présidée par la maire de Paris, Anne Hidalgo, n’aura pas permis de faire entendre seulement la voix des métropoles dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi celle de la jeunesse. « L’heure est à l’action. J’en appelle à la responsabilité des pays les plus pollueurs en matière de CO2 », a insisté le jeune activiste, avant de rappeler les engagements non tenus de l’accord de Paris vis-à-vis des pays en voie de développement. « Nous n’avons que trois ans pour tenir dans 1,5 ° C en référence au dernier rapport Giec. Et si vous ne faites rien, l’histoire se souviendra de votre faillite », a-t-il lancé. Dans ce contexte de crise, la solidarité financière des pays du Nord envers l’Afrique qui n’est responsable que de 4 % des émissions de gaz à effet de serre est indispensable. « Il faut un peu de solidarité envers nous. Nous ne sommes pas les premiers pollueurs, mais c’est nous qui sommes les plus vulnérables face au changement climatique. Il ne suffit pas d’être Africain pour s’indigner, il suffit d’être humain », fait-il remarquer. Ce discours continue de faire écho, trois jours après la clôture de la Cop. « Son intention lors de la cérémonie d’ouverture fut incisive en substance et bluffante d’assurance », note Luc Gnacadja, ancien sous-secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification (Unccd). « Crise climatique, crise des enfants » Le Pré-Sommet sur la transformation de l’éducation qui a eu lieu au siège de l’Unesco à Paris, du 28 au 30 juin 2022, retient aussi un nom. Celui du jeune leader pour la justice climatique et la protection de l’environnement, Credo Gansou. « La crise climatique actuelle est une crise des droits de l’enfant. A mon avis, c’est la seule manière pour nous, de nous rendre compte que les enfants et les jeunes sont confrontés à des défis qui limitent leur vie en raison de l’impact des changements erratiques et imprévisibles du climat. L’un de ces défis est l’accès à une éducation de qualité », a-t-il martelé devant des ministres de l’Education, des responsables politiques et des chefs d’entreprises et de jeunes militants venus de tous les horizons. « Par exemple, à cause des inondations, les enfants ne peuvent pas accéder aux routes qui conduisent à leurs écoles, dont la plupart ne sont même pas assez résilients face aux chocs climatiques et environnementaux », a-t-il déploré. Credo Gansou n’a pas manqué de rappeler combien, en raison des pénuries d’eau, les filles doivent parcourir de longues distances pour aller chercher de l’eau et manquent l’école. « Si les enfants ne vivent pas dans un environnement sûr et sain, s’ils ne sont pas protégés contre les catastrophes climatiques extrêmes, ils ne pourront pas aller à l’école et y rester », a-t-il insisté. Alors, les enfants et les jeunes ne doivent pas être seulement considérés comme des victimes des changements climatiques. « Ils doivent être éduqués et équipés avec de bons outils pour devenir les faiseurs de changement dont le monde a besoin ». C’est là, le credo du jeune Credo Gansou.